Mardi, la Cour suprême de ce pays a décidé que Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir, condamné à mort en 2014 pour un article sur internet considéré comme blasphématoire envers le prophète Mahomet, serait à nouveau jugé par une nouvelle Cour d’appel.
Mauritanie : le procès d'un jeune blogueur reporté sine die
En prévision d’une nouvelle décision, des milliers de Mauritaniens s‘étaient rassemblés sur une place de Nouakchott, réclamant la confirmation de la sentence et l’exécution du prévenu, âgé d’une trentaine d’années.
La manifestation a été marquée par des discours hostiles à l’accusé prononcés par des religieux et militants répondant à l’appel d’un “Forum des oulémas et imams pour la défense du prophète” de l’islam.
Boubekrine Saim, prédicateur : “toutes ces masses populaires, les chefs religieux, les citoyens ordinaires, et même les juristes ont la même position : la peine capitale pour cet apostat.”
Pour Fatimettou Mohamed, l’une des manifestantes, il faut “la peine capitale pour que plus personne ne blasphème le prophète Mohamed.”
Dans un communiqué diffusé avant l’audience de la Cour suprême, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a exhorté les autorités mauritaniennes à notamment “abandonner les poursuites à l’encontre de Mohamed Cheikh Ould Mkheitir”.
Rappelons qu’il avait été en première instance reconnu coupable d’apostasie et condamné à mort le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou. Le 21 avril 2016, la Cour d’appel de Nouadhibou avait confirmé la peine de mort, mais en requalifiant les faits en “mécréance”, une accusation moins lourde prenant en compte son repentir. Ses avocats avaient demandé à la Cour suprême, qui s‘était saisie de son dossier, que sa repentance soit prise en compte.
La peine capitale n’a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987. Cette affaire est le premier cas de condamnation à mort pour apostasie dans le pays.