Pour cette année 2016, Le Fonds monétaire international a prévu un taux de croissance de 3 % pour l’Afrique subsaharienne, la plus faible performance depuis 1999. Les conditions climatiques catastrophiques marquées par des sécheresses, notamment, en Afrique de l’Est et australe ont affecté les économies de ces pays. À cela s’ajoutent les conséquences de l‘épidémie Ebola qui ont négativement affecté la croissance pourtant assez solide ces dix dernières années. Retour sur les grandes phases de l‘économie de certains pays africains.
Une année 2016 plombée par les cours du pétrole
ZIMBABWE
L‘économie zimbabwéenne a été jalonnée par de multiples péripéties, frappée par une forte sécheresse due au phénomène El Niño , les productions du pays ont subi le coup.
À cela s’ajoute la fronde sociale due au manque de liquidités. Une crise économique aigüe qui a abouti à l’impression de nouveaux billets d’obligations au mois de novembre ; un semblant de régularité dans un pays ou le dollar était la seule monnaie utilisée depuis quelques mois. En revanche, les Zimbabwéens ne sont pas tenus d’utiliser la monnaie d’obligation, ils pourront choisir des cartes de trésorerie afin d’entrer en possession de leur argent. L’horizon semble s‘éclaircir avec l’annonce du budget 2017 estimé à 4,1 milliards de dollars. Le trésor national prévoit une croissance de 4,8 % en 2017, soit 1,8 % de plus qu’en 2016. Une prévision basée sur une éventuelle amélioration de la production agricole et des prix des matières premières.
Par ailleurs, les autorités ont choisi d’investir 500 millions de dollars pour accroître la production de maïs plombée par la sécheresse. Le gouvernement zimbabwéen a également réussi a remboursé ses dettes envers le Fonds monétaire international. Une dette qui s‘élevait à 107,9 milliards représentant 15 ans d’arriérés. Pour autant, le pays n’est toujours pas banquable en raison d’autres dettes contractées avec la Banque mondiale et la banque africaine de développement.
NIGERIA
Le Nigeria appartient aux pays subissant la réduction de la production de brut. Le pays mise sur cette exemption pour réduire la récession économique. Victime des attaques rebelles, la production de brut a drastiquement chuté, le pays a donc fait appel aux investisseurs privés. 1 milliard de dollars en euro-obligations d’ici le premier trimestre 2017 devrait être octroyé au gouvernement nigérian. Cet argent permettra de soulager l‘économie mise à mal avec la chute des cours du pétrole. Un rapport du bureau national des statistiques a révélé récemment que le produit intérieur brut a reculé de 2,24 % au troisième trimestre de l’année 2015.
Cependant, l’optimisme est de mise, selon l’agence de notation internationale Moody’s, le PIB du Nigeria pourrait augmenter de 2,5 % l’an prochain si le pays parvient à hisser sa production pétrolière à 2,2 millions de barils par jour.
Hormis les chutes du prix du brut, le cacao nigérian a traversé une zone de turbulences accentuée par la chute du coût du naira. Le Nigeria a fini par dévaluer sa monnaie du fait de la chute des cours mondiaux du pétrole. Parmi les avancées au plan économique, la ville de Lagos a commencé à produire du pétrole, une production provenant exclusivement par le passé de la région du Delta du Niger. Le pays a déjà reçu un prêt de la BAD de 600 millions de dollars américains destinés à financer un programme de gouvernance économique, la seconde tranche de 400 millions de dollars sera approuvé en 2017. Après une année catastrophique, le Nigeria a pu récupérer sa place de premier producteur africain avec 1.9 million de barils par jour contre 1.7 million pour l’Angola. Le pétrole représente 90 % des revenus d’exportations nigérianes, et 75% du budget de l‘État.
ANGOLA
En Angola, le FMI accepte le principe d’un prêt de 4,5 milliards de dollars, le remboursement de cette allocation financière devrait s‘étendre sur une période de dix ans. En 2015, la croissance a ralenti à 3 % en raison d’un recul brutal du secteur non-pétrolier. L’inflation a accéléré et atteint 29,2 % au second trimestre de l’année 2016. Le kwanza, la monnaie locale, s’est déprécié de 40 % par rapport au dollar depuis septembre 2014 tandis que la balance des comptes courants est en déficit.
Les autorités ont décidé d’augmenter la production énergétique grâce à la signature d’ un protocole d’entente avec Prinvinvest, un groupe industriel basé au Moyen-Orient, afin d’entamer la production d‘énergie hydraulique au cours de la prochaine décennie.
AFRIQUE DU SUD
L’année 2016 avait pourtant bien commencé pour l’Afrique du Sud, le pays avait récupéré sa couronne de première économie du continent grâce à la bonne santé de son rand qui avait gagné 16% par rapport au dollar. Mais l‘économie du pays s’est finalement effondrée, avec des déficits commerciaux et une inflation record de 7% depuis près de 7 ans . En dernier ressort, un déficit commercial de 4 milliards de rands, soit 291,5 millions de dollars par rapport à un excédent révisé de 48 milliards de rands constaté au deuxième trimestre, en raison de la baisse des exportations. Selon des estimations, l‘économie devrait progresser de 1,1 % l’année prochaine, bien en deçà de la croissance annuelle de 5% visée par le gouvernement pour réduire le chômage et le déficit budgétaire croissant. La tension politique et sociale en Afrique du Sud asphyxie le secteur minier du pays. Les scandales impliquant le président Jacob Zuma ont suscité l’inquiétude des investisseurs affectant la crédibilité du pays , alors que le secteur minier représente environ 7% du PIB.
La société publique sud-africaine d‘électricité, Eskom a décidé d’investir 11 milliards de dollars pour l’extension du programme nucléaire du pays afin d’accroître la production énergétique. Le pays a lancé un appel d’offres pour ce projet estimé à environ 100 milliards de dollars.
L‘ÉGYPTE
L’instabilité socio-politique a durement plombé l‘économie égyptienne ces cinq dernières années, avec notamment l’effondrement de 50 % de réserves de devises du pays et la plongée du tourisme ; la locomotive de l‘économie locale. L’inflation a atteint son niveau record 20% après que la banque centrale a laissé flotté le cours de la monnaie locale et a revu à la hausse les prix du carburant dans le pays. Condition nécessaire pour l’obtention d’un prêt de 12 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international. Le gouvernement vise un taux de croissance d’au moins 6 , contre 4,3 actuellement, et une réduction du déficit budgétaire. Pour l’année 2016/ 2017, les analystes tablent sur un taux de croissance de 3,5%. Un chiffre inférieur aux 5% prévus par le gouvernement. L’Arabie Saoudite a apporté des milliards de dollars pour soutenir une économie égyptienne en difficulté. L‘Égypte a également reçu le soutien du Japon. 17,7 milliards de dollars, c’est la somme que les entreprises japonaises ont décidé d’investir dans le pays.
L’ALGÉRIE
L’économie algérienne entièrement dépendante de l’exportation des hydrocarbures a subit les conséquences de l’effondrement des cours du pétrole. Le déficit commercial s’est accru au cours des sept premiers mois de l’année frôlant les 12 milliards de dollars. Les recettes des hydrocarbures qui représentent à elles seules plus de 93 % du volume des exportations ont chuté de 32 , alors que les exportations de pétrole et de gaz représentent 60 du budget de l‘État. Pour stimuler la croissance, une loi d’investissement a été adoptée par le Parlement. Elle vise l’amélioration du climat des affaires dans un contexte économique particulièrement difficile. Cette année, la production de pétrole devrait atteindre 69 millions de tonnes contre 67 millions l’année dernière. La production de gaz passera à 132 milliards de mètres cubes contre 128 milliards de mètres cubes en 2015.