La minorité anglophone du Cameroun a manifesté lundi dans l’un de ses fiefs en faveur du retour au fédéralisme dans un Etat officiellement bilingue, où les 20% d’anglophones dénoncent depuis plusieurs semaines leur “marginalisation”.
Cameroun : la minorité anglophone manifeste pour ses droits
Quelque 5.000 personnes selon la police ont manifesté à Buéa, la capitale du Sud-Ouest, l’une des deux régions anglophones sur les dix que comptent le Cameroun (qui compte 22 millions d’habitants) à l’appel du Social democratic front (SDF), l’un des principaux partis d’opposition, a constaté un journaliste de l’AFPTV.
Députés et militants du SDF ont manifesté leur solidarité avec enseignants et avocats anglophones qui se sentent marginalisés par la majorité francophone.
Ils ont dénoncé aussi les “brutalités” que subissent d’après eux avocats, enseignants et étudiants anglophones depuis le début de leur fronde fin novembre.
“On n’a jamais donné un ministère des Finances à un anglophone, on a jamais eu un président anglophone, on a jamais eu un président de la Cour Suprême anglophone”, a déclaré à l’AFPTV Ashu Kingsley, leader estudiantin.
De nombreux manifestants ont réclamé le retour au fédéralisme en vigueur au Cameroun entre 1961 et 1972.
Les frustrations des anglophones (environ 20% des 22 millions d’habitants) ont dégénéré en violences fin novembre à Bamenda, chef-lieu du Nord-Ouest proche du Nigeria, l’autre région anglophone, lors d’une grève des enseignants anglophones contre le recrutement de francophones.
Des affrontements entre manifestants et force de sécurité ont fait trois morts, selon le SDF. Le gouvernement a évoqué un mort, imputant la responsabilité aux manifestants.
Ex-colonie allemande, le Cameroun a été divisé en deux par la Société des Nations après la Première guerre mondiale (1914-18): une partie sous la tutelle française et une autre, proche du Nigeria, sous mandat britannique.
En 1960, le Cameroun sous tutelle français accède à l’indépendance. Un an après, une partie des anglophones décident par référendum de rester dans le giron du Cameroun, mais insistent pour conserver les systèmes juridique et éducatif hérités de la Grande-Bretagne.
Le fédéralisme est alors instauré dans le pays entre 1961 et 1972, mais le premier président Ahmadou Ahidjo proclame la République unie en 1972.
Les anglophones demandent le retour au fédéralisme des origines tandis que d’autres demandent la sécession.
AFP