Donald Trump, 70 ans, espérait créer la surprise d’un “Brexit puissance trois”, en référence au vote surprise des Britanniques pour sortir de l’Union européenne, et c’est fait.
USA : Donald Trump, président élu, se pose en rassembleur
Grand pourfendeur de l’establishment, imprévisible, accusé de xénophobie et de sexisme, ancienne star de la télé-réalité, il n’a jamais occupé le moindre mandat électif. Il se disait la voix des oubliés, et les oubliés ont été au rendez-vous.
Son message : “Rendre sa grandeur à l’Amérique” a fonctionné au-delà de toutes les estimations. Il a su capitaliser sur la colère et les frustrations de la classe moyenne blanche angoissée par la mondialisation.
Hillary Clinton a reconnu sa défaite lors d’un échange téléphonique avec son rival. Dans la foulée, Donald Trump s’est présenté devant ses partisans depuis la Trump Tower à New York, à 8h50, heure européenne.
Il s’est engagé à être “le Président de tous les Américains”, sur un ton solennel, rassembleur et plus apaisé après une campagne très houleuse, virulente et haineuse :
“J’ai reçu un appel d’Hillary Clinton, elle nous félicite pour notre victoire, elle nous félicite, nous tous… Elle a bataillé très dur, nous lui devons une dette pour service rendu à notre pays, je suis sincère.
Maintenant , il est temps pour les Etats-Unis de panser nos blessures, de nous rassembler, pour devenir un peuple uni. Je promets d‘être le président de tous les Américains. Je tends la main à ceux qui ne m’ont pas soutenu par le passé.
En travaillant ensemble, nous unifierons notre pays. (...) Ensemble, nous commencerons l’urgente tâche de reconstruire notre pays et de faire revivre le rêve américain.“
Hillary Clinton, Barack Obama et la transition
Après avoir appelé Donald Trump, Hillary Clinton est restée cloîtrée, tentant de digérer la défaite. Ce n’est qu’en fin de matinée, ce mercredi, qu’elle s’est exprimée en public. Entourée de son co-lisitier Tim Kaine et de sa famille, Bill en tête, Hillary Clinton s’est adressée à ses partisans depuis un hôtel de Manhattan.
“J’espère qu’il (Donald Trump) va réussir en tant que président de tous les Américains“, a déclaré Mme Clinton, visiblement émue, en estimant par ailleurs que cette élection avait montré que les Etats-Unis étaient “plus divisés que nous ne le pensions“.
Elle a ajouté que les Américains devaient faire preuve d’”ouverture d’esprit“ à la perspective d’une présidence Trump, à qui ils devaient “offrir sa chance de diriger“ le pays.
La transition à la tête de l’Etat est donc enclenchée. Cela s‘étalera jusqu‘à l’investiture du nouveau président, le 20 janvier. L’actuel occupant du Bureau ovale quittera alors les lieux.
Barack Obama s’est exprimé ce mercredi à la mi-journée depuis les jardins de la Maison Blanche.
Il a affirmé que l’Amérique toute entière souhaitait le “succès“ de Donald Trump.
“Nous ne sommes pas d’abord démocrates ou d’abord républicains. Nous sommes d’abord Américains“, a-t-il ajouté, souhaitant une transition en douceur avec le milliardaire populiste dont il avait affirmé pendant la campagne qu’il représentait une menace pour la démocratie.
Trump et le reste du monde
L‘élection de Donald Trump à la Maison Blanche a été accueillie mercredi avec inquiétude et souvent froideur dans le monde, la Russie de Vladimir Poutine et les populistes européens s’en félicitant de leur côté.
De son côté, le vainqueur du scrutin s’est voulu rassurant à l‘égard du reste du monde.
“Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s’entendre avec nous“, a-t-il déclaré.
“Nous traiterons équitablement avec tout le monde, toutes les personnes et tous les pays“, a insisté le milliardaire dénué de toute expérience politique.
La Maison Blanche et le Congrès
Les Républicains conservent également la majorité à la Chambre des représentants. 34 sénateurs sont aussi réélus, en majorité des Républicains. Le Sénat est aussi entre les mains du GOP (Grand Old Party).
Les Républicains ont désormais toutes les clefs pour gouverner les Etats-Unis comme bon leur semble…
Le taux de participation aurait été de 54,2 %. Plus de 42 millions d‘électeurs avaient voté par anticipation. Trump semble avoir poussé beaucoup d’abstentionnistes à se déplacer aux urnes. Les instituts de sondage sont désavoués, ils ont raté une partie importante de l‘électorat américain, “les voix cachées”...
Depuis minuit, un à un, les Etats sont tombés les uns après les autres dans l’escarcelle de Trump : les grands “swing states” comme l’Ohio qui, depuis 1944, a toujours élu des gagnants, à l’exception de Nixon contre Kennedy en 1960. On dit souvent aux Etats-Unis : “win Ohio, win the presidency”, et cette fois encore, c’est vrai.
Il y avait aussi la Floride, qui malgré l’importante communauté latino-américaine n’a finalement pas été aussi hostile à Trump que prévu. Et la Pennsylvanie qui n’avait pas voté républicain depuis 1988 et Bush père, mais dont l‘électorat en majorité blanc, vieillissant et peu diplômé était la cible de Trump.
Avec AFP