Le groupe Bolloré Africa Logistics qui exploite la ligne de chemin de fer de la Camrail vient de livrer sa version des faits après le tragique événement de vendredi qui a fait 79 morts et quelque 600 blessés selon un bilan officiel.
Cameroun : après le déraillement meurtrier d'un train, Bolloré se justifie
Alors que des voix s‘élèvent pour exiger des explications du gouvernement et du groupe Bolloré, la multinationale a affirmé ce mardi que le déraillement du train a été en partie provoqué par une vitesse excessive. “Ce que nous pouvons dire est que le train, en se rapprochant de la station où il a déraillé (Eseka), allait à une vitesse anormalement élevée”, a déclaré Eric Melet, président de Bolloré Africa Railways, dans une interview à Reuters.
Selon lui, le train, exploité par la Camrail, tournait à environ 80 km par heure (50 miles par heure) à l’approche de la gare, soit deux fois la vitesse moyenne. Il reconnaît cependant que les wagons ont été multipliés à 16 “avec la permission des autorités” pour accueillir des passagers supplémentaires.
Toutefois, précise-t-il, ces wagons étaient “pleins” et non “surchargés” comme cela se dit depuis l’accident. “Le nombre de wagons a été adapté à la situation. Rappelez-vous le contexte dans lequel cela s’est passé. Étant donné que la route principale entre Yaoundé et Douala a été coupée cette même nuit, il y avait une très forte demande des passagers dès 8h00 heures du matin à la station”, a-t-il expliqué.
Au Cameroun, les avis sont tout autres. Une partie de l’opinion estime qu’il y a eu négligence de la part de l‘État et de la Camrail. Une thèse rejetée par le gouvernement. De retour au Cameroun, le président camerounais Paul Biya a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités dans ce drame.
Mais l’opposition estime que cette enquête doit être indépendante ou à la rigueur parlementaire afin de s’assurer que les responsables soient efectivement punis.
“Les enquêtes sont déjà ouvertes, dès lors que les résultats seront portés à la connaissance du gouvernement, toutes les mesures, dussent-elles être difficiles à prendre, elles seront prises pour nous éviter la répétition d’un tel événement”, a déclaré le ministre camerounais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary.