Pour une Abidjanaise, acheter un pagne au marché d’Adjamé au nord de la capitale ivoirienne, tient au sobriquet que celui-ci porte.
Côte d'Ivoire : le business du pagne, un secteur en pleine expension.
Et des noms de pagnes, on en trouve presqu’autant que les bébés qui naissent dans les maternités de la capitale.
De “Mon mari est capable” ou “mari incapable” en passant par “l‘œill de ma rivale” ou encore “ le lit de mon mari”, ces noms renseignent sur la situation financière ou matrimoniale des acheteuses.
“Ça c’est “Mari ingrat”. Moi je préfère un autre pagne à celui-ci. Parce que le nom même qu’il y a dessus ne me plaît pas. Je préfère “mon mari est capable” parce qu’il veut dire que mon mari fait tout pour moi.” a expliqué une vendeuse.
Chaque mois de nouveaux motifs arrivent sur le marché, affaiblissant de plus en plus un secteur ébranlé depuis quelques années par la concurrence asiatique qui se soucie peu de la qualité des produits.
L’un des pagnes bon marché à Adjamé s’appelle d’ailleurs “Attention au feu”. Les motifs à succès deviennent des classiques, mais les autres disparaissent
Copies de grandes marques pour la plupart, ces pagnes sont accessibles à toutes les bourses. Entre 3 et 10 euros la pièce contre plus de 20 euros pour un pagne de grande marque.
“Ceux qui prennent en Chine, ce sont les pauvres qui peuvent acheter ça. Il y a les gens aussi qui sont riches qui les achètent ça. Ça dépend des moyens. Il y a des pagnes qui sont hollandais, tout le monde ne peut pas payer les hollandais”, a dit une autre vendeuse.
Depuis le début des années 2000, l’industrie du pagne, dont la Côte d’Ivoire est l’un des pays phares en Afrique, a pris du plomb dans l’aile face aux concurrents asiatiques.
La société Uniwax, filiale du groupe néerlandais Vlisco et leader du pagne en Afrique, a décidé de prendre de vitesse ses concurrents. L’entreprise, qui emploie 750 personnes, a mis en place un plan d’investissement visant à augmenter la production de 70 % sur 5 ans.
“On a mis une stratégie de créativité, de marketing et de distribution de production qui nous permet de lutter efficacement contre ces phénomènes. En gros, si vous voulez, on créé plus vite que le copieur ne copie et on fait un produit d’un rapport qualité-prix apprécié par les consommateurs”, a déclaré Jean-Louis Menudier, son PDG.
Le pagne africain : petit nom, gros succès et grandes ambitions, peut-on donc dire. Son marché est en pleine expansion et il intéresse de plus en plus les artisans, mais aussi les créateurs de mode, les accessoiristes ainsi que le monde du prêt-à-porter.