Les Rencontres Afrique – un forum de deux jours – a réuni à Paris en France d‘éminents politiciens, des chefs d’entreprise pour stimuler l’investissement, l’innovation et surtout, développer une croissance durable sur le continent.
Le business au coeur des Rencontres Afrique
Pour ce faire, il faut moins d’idées préconçues, selon l’ancien Premier ministre du Bénin Lionel Zinsou. Il dirige maintenant AfricaFrance, une organisation qui met en relation de jeunes entrepreneurs avec des entreprises et des dirigeants municipaux :
« Il y a des consommateurs qui ont des droits, ce qui est complètement nouveau. Il y a des gens qui ont le droit de choisir leurs dirigeants. Ça commence à changer, il y a des progrès. Il y a l’opinion publique qui est respectée et il y a des entreprises qui peuvent contribuer à la création de richesses. Ce qui est extraordinaire, c’est que cela a pris 50 ans pour permettre au public, aux entreprises, aux intellectuels et aux citoyens d’exprimer leurs points de vue. C’est incroyable ! »
Sentiments partagés par plusieurs autres personnalités du forum qui estiment que maintenant les entreprises françaises et étrangères doivent tirer profit du potentiel de l’Afrique :
« On sait que la nature a horreur du vide et certains pays émergents ont quand même occupé le terrain. C’est le cas de certains pays d’Amérique du Sud, je pense notamment au Brésil. Je pense que la France veut revenir et cela me semble être une bonne idée, surtout dans le contexte actuel qui prévaut aujourd’hui », précise Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille.
Thierry Barbaut, le fondateur d’Info-Afrique, ajoute : « Aujourd’hui, ils se tournent tous vers l’Afrique en disant « nous allons y faire des affaires, c’est un marché colossal, émergent. Donc, à la fin, au moins une fois dans ma vie, je vais voir cette petite révolution, cette révolution industrielle. Cette nouvelle révolution technologique qui apporte le reste du monde à l’Afrique, et peut-être fera de l’Afrique le moteur de la croissance mondiale. »
Numérique et nouvelles technologies ont été les mots à la mode tout au long de la conférence notamment sur le thème de la faim. La Côte d’Ivoire est un des nombreux pays désireux de diversifier leur économie en investissant dans les infrastructures.
Daniel Kablan Duncan, le Premier ministre ivoirien, précise : « Notre objectif de 2016 à 2020 c’est de passer à 15% doubler la part des TIC au niveau de l‘économie ivoirienne …. Mais aussi nous sommes en train de terminer, nous avons déjà 2000 km de fibre optique à Abidjan, j’ai installé en Côte d’Ivoire, nous voulons en faire 7000 m ça se termine l’année prochaine. Les travaux devront être achevés d’ici la fin de l’année prochaine, de manière à permettre à toute entreprise qui est installée en Côte d’Ivoire quelle que soit son positionnement, sur les grandes villes de Côte d’Ivoire, d‘être en relation avec Abidjan, d’une part, mais aussi avec leur siège quelle que soit dans le monde. »
Les gérants d’entreprise ont eu plusieurs opportunités de se rencontrer et partager leurs préoccupations.
Renforcer le rôle des femmes dans l’entreprise était une grande question qui a animé les débats.
Comme en témoigne Fatou Diaw, présidente de l’Organisation des femmes africaines d’affaires : « Les femmes apportent une contribution considérable aux entreprises dans leur pays, mais c’est souvent méconnu de sorte que nous devons changer nos structures. C’est ce que je suis en train de faire au Sénégal, à savoir accompagner les femmes. »
Certains ateliers se sont concentrés sur la façon de développer les arts et la culture sur le continent ainsi que les innovations numériques et l‘évolution des habitudes de consommation qui font de l’industrie un secteur clé pour la croissance.
« L’Afrique aura besoin de plus de participation des investisseurs et la culture est un domaine où nous avons de plus en plus besoin d’entreprises privées. Ce sont elles qui équiperont l’Afrique avec la fibre optique, les satellites, mais c’est aussi le jeune qui va développer des structures musicales, des structures pour le cinéma. Nous avons besoin de producteurs africains, nous avons besoin de techniciens, nous avons besoin des chaînes de télévision qui peuvent exister et survivre », constate Fanny Aubert Malaurie, consultante en cinéma.
Malgré son nom, Les Rencontres Afrique n‘étaient pas une affaire exclusivement francophone. Des chefs d’entreprise de pays anglophones, comme Dennis Awori, le PDG de Kenya Airways a déclaré que l’Afrique est en train de devenir un monde de plus en plus connecté.
Dennis Awori se dit optimiste pour le travail entre francophones et anglophones : « Bien que la majorité des entreprises soient francophones, et même si la majorité des entreprises africaines participantes sont francophones, beaucoup de choses en commun pour travailler ensemble. »
Il y avait un énorme sentiment d’optimisme quant à l’avenir des Rencontres où les participants espèrent étendre leurs liens au-delà de la France et à condition que ceux qui craignent d’investir gardent espoir.
Nadia Touby Eko, directeur général d’une société internationale de transport et de transit, apporte des précisions : « Nous avons des investisseurs potentiels en Afrique et ça va bien, mais le problème c’est qu’ils doivent être rassurés, car ils vont vers l’inconnu. Il est difficile d’aller en Afrique parce que nous entendons toujours parler de maladies, de catastrophes et de guerre. Mais il y a tellement plus, il y a beaucoup de potentiel en Afrique et dans de nombreux secteurs inexploités qui doivent être mis au point. L’Afrique a besoin d’expertise. »
Ce premier rendez-vous des affaires entre l’Afrique et la France semble avoir été concluant. Prochaine rencontre du même genre mais avec une prédominance politique ce sera à Bamako, en janvier 2017.