Parc national du Gorongosa, la réserve animalière la plus importante du Mozambique. Cet endroit aux allures de paradis sur terre avait été laissé en ruines après la guerre civile qui a ravagé le pays de 1976 à 1992. Des travaux de restauration ont été lancés en 2004, mais la reprise de la guerre entre les rebelles de la Renamo et le pouvoir ne présage rien de bon pour le futur de ce haut lieu du tourisme.
Les difficultés du parc du Gorongosa, au Mozambique
La restauration du parc de 4.000 km2 est l’initiative du millionnaire et philanthrope américain, Greg Carr. Mais en plus de la reprise de la guerre civile, le phénomène climatique el Niño, qui frappe les pays d’Afrique australe depuis deux ans, constitue une sérieuse menace.
Aucune barrière ne protège le parc du Gorongosa (l’endroit du danger et de la mort, en langue locale sena) et les villageois qui fuient les horreurs de la guerre viennent s’y réfugier, provoquant un véritable déséquilibre du fragile écosystème qui s’y trouve. Pedro Muagura, directeur de la conservation : “le parc du Gorongosa est une cible dans la mesure où les populations ne peuvent plus cultiver suffisamment et du coup chassent les animaux pour les consommer.”
Dans sa dynamique de réhabilitation, le parc consacre un important volet à la sensibilisation des communautés locales. “Nous essayons d’offrir des moyens de subsistance alternatifs aux villageois en développant par exemple des programmes d’agriculture pour eux”, explique Manuel Mutimucuio, directeur du développement humain pour le parc.
Au milieu des plaines centrales du Gorongosa, des ruines de maisons de chasse construites dans les années 1940 donnent l’impression d’un lieu abandonné. Eléphants et buffles se font rares en ces lieux, conséquence des massives tueries d’animaux pendant la guerre civile.
“Avant le lancement du projet, le parc était dans une phase d’extinction. Actuellement, en terme de reproduction de ces animaux, il y a des signaux très positifs, les nombres augmentent”, déclare Pedro Muagura.Afonso Dhlakama, le chef de la rébellion de la Renamo et ses hommes se sont retranché dans la montagne verdoyante qui jouxte le parc.
“Des personnes meurent. La faim, la maladie. Tout cela vient du conflit qui se déroule dans le pays. Pendant la guerre civile, ils ont tout détruit, et nous avons reconstruit. Cette fois, je ne sais pas s’ils vont détruire ou non”, mentionne avec un air de tristesse et de colère à peine voilée, Meneses Sousa, garde et doyen du parc. Il y travaille depuis 1974.
Avec 20 espèces (éléphants, zèbres, buffles, guépards…) et plus de 72.000 animaux, la réserve est belle et bien remise sur pied. Pour assurer la protection du parc, le Gorongosa a quadruplé ses effectifs et 150 gardes-chasse sont aujourd’hui formés. Objectif majeur : traquer les braconniers, qui pullulent en ces lieux.
“Le manque d’eau pour les animaux (provoqué par el Niño) est un problème, car du coup, ils sont moins dispersés, ce qui facilite les choses pour les braconniers”, révèle Pedro Muagura.
La fuite des trouristes
La piscine du parc est aujourd’hui côtoyée par des… singes. Les touristes ayant déserté les lieux pour raison évidente de sécurité. Entièrement rénové en 2012, ce haut lieu du tourisme n’héberge que quelques chercheurs, logés dans les huttes luxueuses de l’hôtel.
Et portant en 2012, 7.000 visites avaient été enregistrées. Bien que les combats entre rebelles et armée régulière ne se déroulent que dans l’extrême nord de la réserve, le nombre de visite a dégringolé, pour se retrouver à 1000 cette année. Selon l’administration du parc, il s’agit surtout d’expatriés originaires de Maputo, la capitale mozambicaine.
“Cette nuit, nous avons quatre touristes. Tous les autres occupants travaillent de manière directe ou indirecte pour le parc”, note Paolo Matos, le gérant de l’hôtel. Celui-ci est arrivé en 2013, quelques semaines seulement avant la reprise de la guerre. “Nous perdons beaucoup d’argent”, ajoute-t-il. Malgré ce sombre décor, Paolo “garde espoir” pour le futur.
Le personnel du parc se veut en effet optimiste, croyant en un avenir meilleur pour la réserve. La reprise des pourparlers entre pouvoir et rebelles à Maputo y est pour quelque chose.