C’est actuellement la pleine saison des chenilles en Centrafrique. Pendant trois mois, ces insectes qui viennent des forêts sont ramassés et acheminés sur le marché pour être vendus. Une fois cuites, les chenilles sont un plat particulièrement apprécié par les Centrafricains. Notre reporter à Bangui, Crispin Dembassa-Kette, a suivi en forêt quelques ramasseurs et des commerçantes de chenilles.
Centrafrique : les chenilles, un aliment qui rapporte gros
Les fortes pluies qui s’abattent sur une partie de la RCA entre juillet et septembre chaque année s’accompagnent de l’apparition de chenilles, des insectes comestibles très prisés des Centrafricains.
Le ramassage en forêt des chenilles et leur vente constituent une forte activité commerciale pendant ces quelques mois. Mbata est une commune située à plus de 100 kilomètres au sud de la capitale.Yabango et sa fille qui appartiennent à la communauté des Pygmées sont rentrées très tôt en brousse à la recherche des chenilles.
‘‘Les makongo (chenilles) naissent sur les arbres et se nourrissent de leurs feuilles jusqu’à ce qu’elles grandissent. Quand elles prennent du poids, elles ne peuvent plus rester sur les feuilles, tombent, et nous venons les ramasser.’‘
Un peu plus loin, un groupe de jeunes sortent de la forêt avec des récipients pleins de chenilles qu’ils comptent vendre aux commerçantes venues de la capitale.
Evelyne fait le commerce de chenilles depuis plusieurs années. Elle a quitté Bangui tôt le matin pour venir chercher la marchandise.
‘‘Nous partons vers 6H 00 du matin et nous arrivons ici vers 8H00 puis nous rentrons en brousse derrière les personnes qui vont ramasser les chenilles et quand ils sortent de la forêt, nous discutons les prix. Nous les achetons et nous remplissons les sacs. Nous en achetons autant que nous pouvons et nous quittons la brousse entre 11H00 et 12H00 pour rentrer à Bangui’‘.
Comme Evelyne, elles sont de nombreuses commerçantes qui ravitaillent les différents marchés de la capitale. Sur les marchés. Des grossistes qui livrent aux revendeuses.
‘‘Les chenilles, ce sont les Pygmées qui vont loin dans la brousse pour les ramasser, ensuite les commerçantes les suivent en brousse pour en acheter et les transportent sur les motos pour les amener ici. Avant, on ne payait aucun taxe sur les chenilles, mais maintenant ; il y a des barrières sur la route ou les commerçantes sur les motos sont obligées de payer. Sur chaque barrière, il faut payer 0,76 Euros, et même avant d’entrer dans le marché, il faut encore payer 0, 76 Euros. Ce qui fait que nous sommes obligées d’augmenter les prix et cela devient cher’‘. Explique Béatrice, détaillante au marché.
Cuisinées seules ou avec des légumes, les chenilles sont mangées à la maison, en famille ; ou dans les restaurants. Habib est un fidèle consommateur.
‘‘J’ai commencé à manger les chenilles depuis mon enfance, a partir de 7 ans et jusqu’à ce jour, je continue d’en manger. Quand je mange les chenilles, je me sens très à l’aise. C’est un repas qui est facile à digérer, et c’est bon, c’est bon à manger. Je le trouve bien, j’en mange à chaque fois quand j’en ai besoin.’‘
Une importante quantité de chenilles est également séchée ; elle sera vendue à Bangui et dans le reste du pays pendant la saison sèche.