A l’issue de la grande prière de l’Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, le président sénégalais a annoncé avoir donné des “instructions fermes” pour mettre un terme au phénomène des enfants mendiants des rues, au Sénégal.
Au Sénégal, le Ramadan s'accompagne de la lutte contre la mendicité
Macky Sall saisit à bras le corps le problème des enfants mendiants qui pullulent dans les rues sénégalaises. Déjà abordée par le président sénégalais et son prédécesseur Abdoulaye Wade, la question de ces enfants appelés localement “talibés”, ne semble pas trouver d‘épilogue. Ce mercredi, Macky Sall l’a de nouveau abordée avec plus de fermeté.
“J’ai donné des instructions très fermes au gouvernement pour mettre un terme à cette image insoutenable d’enfants abandonnés dans la rue” comme “talibés”, a déclaré le président Sall devant la presse après la grande prière à l’occasion de l’Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan. “Ce n’est pas parce qu’ils sont issus de milieux pauvres ou modestes qu’on doit les laisser à la merci de la rue”, a rajouté le numéro un sénégalais. Le 1er juillet déjà, il déclarait sur son compte Twitter avoir “ordonné le retrait d’urgence des enfants des rues” dans le cadre de “la protection des droits de l’enfant et groupes vulnérables”.
Pour sauver les #Talibés, l'État prévoit amendes et peines de prison pour ceux mettant leurs enfants dans la rue pic.twitter.com/M61aw5sff8— Macky SALL (@macky_sall) 1 juillet 2016
En effet, ils sont estimés à des dizaines de milliers, les enfants qui arpentent chaque jour les rues des grandes villes du Sénégal, en haillons, pour quémander nourriture et argent à des passants. La pratique serait encouragée, selon des ONG par des maîtres coraniques à la tête de “daara” (écoles coraniques, en langue wolof), à qui sont confiés ces enfants. Ces derniers vivent non seulement dans des conditions de vie exécrables, mais sont en plus contraints de mendier et de rapporter des quotas journaliers d’argent et de denrées, sous peine d‘être battus.
Pourtant, une loi adoptée en 2005 punit de deux à cinq ans de prison et d’amendes les personnes qui se rendent coupables de mendicité forcée. Une loi que les autorités peinent encore à appliquer rigoureusement. D’après certains observateurs, l’hostilité de certains guides réligieux – très influents au Sénégal dont la population est musulmane à plus de 95 % – serait pour beaucoup dans la persistance de la pratique.
Mais pour le président sénégalais, il faut bien départir la mendicité infantile de la réligion. “Ce n’est pas une question religieuse, affirme-t-il. Puisque les vrais + daara + qui enseignent ne laissent pas leurs + talibés + traîner” jour et nuit dans les rues, “cela n’a rien à voir avec l’islam”, a-t-il martelé.
“Ceux qui continueront à vouloir s’adonner” à cette pratique s’exposeront “à la rigueur de la loi. Pour le moment, il s’agit de pédagogie”, de “travailler ensemble pour éradiquer l’exploitation des enfants”, a prévenu le chef d‘État qui a sollicité la mobilisation de “tout le pays” pour contrer la mendicité des enfants.