*L’aventure de Rosetta, entamée il y a douze ans, touche à sa fin. D’ici quelques semaines, la sonde européenne viendra se poser lentement sur la comète Tchouri, où elle retrouvera le petit robot Philae, endormi depuis des mois.
Le baroud d'honneur de la sonde spatiale Rosetta
Avant son sommeil, Philae a eu le temps d’envoyer de précieuses informations, notamment sur des ingrédients considérés comme cruciaux pour l’arrivée de la vie sur Terre.*
Martin Rubin, chef adjoint des équipements Rosina : “nous avons découvert différentes molécules, notamment des molécules organiques, dont nous ne pensions pas qu’elles se trouvaient aussi sur des comètes. Des acides aminés en sont un exemple, il y avait aussi différents hydrocarbures. Autre exemple l’oxygène moléculaire, tel celui que nous respirons sur terre. Nous en avons trouvé beaucoup sur la comète alors qu’il n’y a pas de vie sur la comète.”
Les chercheurs pensent depuis longtemps que l’eau et les molécules organiques auraient pu être apportés sur Terre par les astéroïdes et les comètes.
Martin Rubin: “nous avons étudié l’eau sur la comète et il s’avère que ce type de comète ne peut pas avoir apporté toute l’eau que nous avons sur Terre, mais seulement une petite contribution. Il y a cependant d’autres comètes, où l’eau semble plus compatible avec la nôtre.”
En prélevant des gaz et de la poussière de la comète, on a pu constater que l’eau n’est pas la même que celle qu’on trouve sur Terre.
“Autrefois, on supposait, que les comètes auraient pu apporter l’eau sur terre. Mais avec l’eau viennent aussi d’autres matières, la matière organique, des molécules organiques, qui auraient pu arriver sur terre ou une autre planète. Et c’est ce qui rend les comètes très intéressantes”, explique Martin Rubin.
Le dernier acte de Rosetta sera un baiser de la mort qui se déroulera le 30 septembre prochain.
A cette date, la comète se trouvera à 573 millions de kilomètres du Soleil et à 719 millions de kilomètres de la Terre.
Rosetta achèvera sa mission dans une descente contrôlée à la surface de la comète le « 30 septembre ». Le vaisseau spatial, qui a voyagé pendant 12 ans dans l’espace, sera à une si grande distance du Soleil qu’il réduira de manière significative l‘énergie solaire pour faire fonctionner ses instruments.
Martin Rubin mentionne qu’ “en septembre, nous allons lentement atterrir sur la comète. Nous allons à nouveau être si loin du soleil que la sonde n’aura plus assez d‘énergie. Pour cette raison, nous voulons trouver une fin grandiose et atterrir sur la comète. Lors de l’atterrissage, nous allons aussi continuer à faire des mesures avec notre sonde et, on l’espère, trouver beaucoup de nouvelles molécules et composantes.”
Pour ses derniers moments de vie, Rosetta ne chômera pas. Elle prendra en temps réel des clichés à très haute résolution et fera des mesures scientifiques inédites.
“D’un point de vue scientifique, c’est, bien sûr, très intéressant pour nous. Car nous nous rapprochons beaucoup de la comète. Nous espérons y trouver des éléments que nous n’avons pas encore découverts jusqu’ici. Plus on s’approche de la source, plus on obtient ces molécules rares. Et nous espérons d’en trouver encore.”
Le 30 septembre, la sonde, qui se trouvera à une vingtaine de kilomètres de la surface, effectuera une lente descente d’environ 12 heures, à la vitesse de 50 centimètres par seconde, jusqu‘à un “impact contrôlé”, souligne Martin Rubin.
Comme avec un brin de chagrin, Martin Rubin conclut comme suit : “par ailleurs, la mission est bien sûr finie. Nous n’obtiendrons plus de données. Même si nous en avons déjà récoltées beaucoup, c’est aussi un moment, qu’on regardera aussi avec un peu nostalgie.”
Reste un énorme volume d’informations qui ont été collectées. Il faudra encore des années d‘études pour qu’elles livrent leurs secrets.