Des associations de victimes du déversement des déchets toxiques du cargo Probo Koala, en 2006 à Abidjan en Côte d’Ivoire, ont salué jeudi une décision de justice à Londres condamnant un cabinet à leur verser leur indemnisation.
Affaire des déchets toxiques en Côte d'Ivoire : les victimes seront dédommagées
“La haute Cour de justice de Londres a ordonné au cabinet Leigh Day de dédommager les 4.752 victimes qui ont été privées de leur compensation”. Le communiqué rendu jeudi par la haute court de Londres a chaleureusement été accueilli par les populations victimes des déchets toxiques du cargo Probo Koala. Des déchets déversés en 2006, qui ont fait des milliers de victimes.
“C’est avec beaucoup de joie et de soulagement que nous avons accueilli le verdict. Nous pensons que justice a été rendue”, a expliqué Denis Yao Pipira, président de l’Union nationale des associations des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (UNAVDTCI).
Réunies en association, les victimes avaient porté plainte le 27 août 2014 auprès de la Haute cour de justice de Londres contre le cabinet Leigh Day, alors en charge de la transaction financière, selon l’accord d’indemnisation signé en 2009 avec la multinationale Trafigura.
Trafigura était l’affréteur du cargo Probo Koala, dont le déversement de résidus toxiques au mois d’août 2006 avait causé, selon la justice ivoirienne, la mort de dix-sept personnes, et des milliers d’intoxications.
“Dans ce combat, je suis très heureux ce soir et je souhaite que tel acte continue pour que justice soit faite. Quand des gens sont dans un pays et qu’ils n’ont pas demandé à être intoxiqués et un bon matin, ils sont intoxiqués et d’autres sont morts”, s’est exprimé Bernard Kouadio, membre de l’association des victimes.
“Ce que nous avons perdu on ne peut plus retrouver, les maladies que nous avons accumulées pour les guérir ça sera difficile, mais nous sommes fiers et heureux d’entendre cette nouvelle que nous avons eue aujourd’hui, d’avoir cette somme qui nous permettra de nous réjouir et d’oublier un peu nos soucis, nos problèmes de santé.” A ajouté Thanon Albert Adou, victime dont la mère est décédée de suite d’intoxication.
L’accord signé entre les parties prévoyait une indemnisation de 750 000 F CFA, soit 1 150 euros par plaignant. Des fonds qui n’avaient malheureusement pas été versés à toutes les victimes. Une nouvelle audience doit en principe se tenir selon les associations des victimes, d’ici le mois d’octobre 2016, axée sur l’évaluation du montant des dommages et intérêts. Soumahoro Mamoue fait partie des victimes.
“Cela peut être une réparation, parce que si nous avons cet argent, nous pouvons nous soigner. Alors nous sommes très ravis parce que nous sommes presque malades, moi-même qui suis là, je suis tombé malade donc cet argent pourra me permettre de me soigner. Nous remercions le cabinet et tous les présidents des associations des victimes à Abidjan.”
La multinationale spécialisée dans le courtage pétrolier a toujours nié toute responsabilité et n’a jamais été condamnée pour le déversement. Mais en février 2007, Transfigura avait conclu un accord à l’amiable avec l‘État ivoirien qui arrêtait toute poursuite en contrepartie du versement d’une indemnisation globale de plus de 100 milliards de francs CFA (152 millions d’euros).
“Nous attendons que le juge donne le montant et nous croyons que le cabinet LDE sera condamné également à payer les intérêts sur les 7 ans et à ce moment-là, nous allons nous concentrer sur la majorité des victimes qui se bat contre Transfigura à Amsterdam”, conclut Denis Yao Pipira, Président de l’association des victimes.