Un immeuble d’habitation a été démoli ce mardi dans un quartier pauvre de Nairobi, la capitale kényane, sur ordre des autorités, qui ont estimé que le bâtiment était mal construit. Il faisait partie des constructions jugées de mauvaise qualité et qui sont sur la liste des bâtiments menacés de destruction. En tout, 258 immeubles dont les structures sont considérées comme étant à risque pourraient être rasés. Ce qui risque de jeter des milliers de personnes à la rue, dans une capitale déjà surpeuplée.
Kenya : un immeuble démoli à Nairobi
Non loin de là, les habitants d’un autre immeuble situé à Mathare, lui aussi condamné par un ordre de démolition, s’attelaient à plier bagage, ne voulant pas se laisser surprendre par les machines. Ustensiles, draps, sacs en plastique, vêtements… Chacun sauvant ce qu’il peut.
“Si un bâtiment est d’une intégrité structurale douteuse, nous avons deux choses à faire. Tout d’abord, s’il est récupérable, s’il peut être renforcé ou restauré, il le sera. S’il est complètement irrécupérable comme celui-ci, où les ingénieurs ont confirmé qu’il est tout à fait dangereux et qu’il n’y a rien que vous puissiez faire pour le rendre plus sûr, celui-ci est normalement recommandé à la destruction et les ordres nécessaires ont été remis au propriétaire pour sa démolition “, a expliqué Moses Nyakiongora, secrétaire de l’Inspection des bâtiments.
Et bien sûr, l’opération ne fait pas des heureux. De nombreux habitants se sont insurgés contre cette démolition, disant ne pas savoir où aller. C’est le cas de Calvins Otieno, un résident : “nous sommes d’accord pour partir, mais certaines personnes n’ont pas d’argent pour habiter de noiuvelles maisons, d’autres avaient déjà payé les frais de scolarité de leurs enfants et là, ils ne disposent pas d’argent pour déménager. Mais nous, on n’a pas eu d’autre choix que d’obéir. Il y a d’autres qui vivent maintenant dans le froid.”
Le défi du logement à Nairobi
La ville de Nairobi a un défi de taille : sa démographie galopante. Chaque année, ce sont des millions de personnes qui quittent les villages pour se rendre dans la capitale kényane, espérant un mieux-être. Elles viennent grossir le nombre déjà élevé d’habitants. Ce qui inévitablement provoque une crise du logement.
Selon les autorités, les démolitions des bâtiments douteux avaient été dans le passé retardées par les interminables contestations judiciaires de leurs propriétaires. Dans d’autres cas, des politiciens locaux bloquaient les déménagements forcés.
“Pour obtenir des plans de construction approuvés, les propriétaires doivent attester qu’ils possèdent la terre. Ce qui veut dire qu’ils doivent présenter un titre de propriété. Beaucoup de ces bâtiments sont sur des terres qui n’ont pas de titre de propriété, de sorte que leurs propriétaires ne reçoivent pas l’approbation de leurs plans. Malgré cela, ils font construire les bâtiments “, a regretté à Nairobi le secrétaire du comté pour la planification urbaine, Christopher Khaemba.
D’après une déclaration faite le 5 mai dernier par ministre kényan du Logement, plus de 2.600 bâtiments ont été examinés et parmi eux, 226 sont jugés « structurellement suspect » et ont besoin de tests imminents. Selon un autre officiel, ce nombre est passé à 258.
Les autorités kényanes veulent éviter que se répète le drame de l’immeuble du quartier d’Huruma le 29 avril dernier, qui a tué 51 personnes lors de son effondrement, dans cette même ville de Nairobi. L’immeuble en question était, selon les autorités kényanes, frappé d’un ordre de démolition, mais rien n’avait été fait pour le détruire. Jusqu‘à ce que l’irréparable survienne.