Guinée-Bissau : le président Vaz limoge son gouvernement et renvoie la balle au parti au pouvoir

Le président bissau-guinéen José Mario Vaz a relevé jeudi de ses fonctions son gouvernement, renvoyant la balle au parti au pouvoir, auquel il a demandé de lui proposer une nouvelle équipe pour sortir de la crise politique.

Comme il l’avait indiqué en début de semaine aux acteurs politiques et à des diplomates, M. Vaz a préféré démettre le gouvernement plutôt que de dissoudre le Parlement – où le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir) a perdu la majorité absolue – et de convoquer des élections anticipées.

La Guinée-Bissau traverse des turbulences politiques depuis la destitution en août 2015 par le président de son Premier ministre Domingos Simoes Pereira, chef du PAIGC, une décision rejetée par le parti. D’après leurs entourages, les deux hommes ne s’entendaient pas sur la direction du pays, notamment au sujet de la corruption.

Pendant des années, l’instabilité politique et la pauvreté ont facilité l’implantation de narcotrafiquants dans le pays, sous la protection présumée de hauts responsables de l’armée.

Les tensions à la tête du pays inquiètent la communauté internationale, qui a salué le retour progressif à la légalité constitutionnelle depuis l‘élection de M. Vaz en mai 2014 dans cette ex-colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest jusqu’alors en proie à une instabilité chronique, avec des tentatives de coup d’Etat militaires à répétition.

“J’ai pris une décision qui responsabilise les partis politiques en leur donnant l’occasion de prouver qu’ils placent l’intérêt supérieur de la Nation et du peuple au-dessus de leurs intérêts personnels ou de groupe ou de parti”, a déclaré jeudi le chef de l’Etat dans une allocution.

“Il reviendra au parti qui a remporté les élections législatives la responsabilité de proposer un gouvernement capable de mériter la confiance de la majorité parlementaire”, a-t-il dit, en référence au PAIGC.

“La meilleure solution est la formation d’un gouvernement qui reflète les sentiments majoritaires du peuple, représentés au Parlement, et capable de gouverner dans des conditions de stabilité”, a-t-il ajouté, laissant entendre qu’il souhaitait une ouverture au-delà du PAIGC et de ses alliés traditionnels.

Selon les analystes politiques, le chef de l’Etat, relativement isolé au sein du parti au pouvoir dominé par son ex-Premier ministre, cherche à asseoir son influence en élargissant la majorité parlementaire.

Le PAIGC a entamé une réunion pour décider des suites à donner à cette annonce. Les ministères ont été placés sous le contrôle des forces de sécurité, selon des témoins et des sources de sécurité.
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