En visite ce vendredi en Libye, Habib Essid, le Premier ministre tunisien a rencontré son homologue libyen, Fayez Al-Sarraj, à la tête du gouvernement d’unité reconnu par l’ONU. Les deux hommes se sont entretenus sur la question sécuritaire, au niveau de leur frontière commune. Il s’agit surtout de trouver les voies et moyens pour “vaincre et combattre le terrorisme”, très actif dans cette partie du continent.
Libye : le chapelet de défis sécuritaires du gouvernement d'union
Ce même vendredi, le gouvernement d’union a mis sur pied une cellule chargée des opérations militaires contre l’organisation terroriste État islamique (EI). Cette cellule est basée dans l’ouest de la Libye et est à la recherche de soutien, dans sa lutte contre les fondamentalistes de l’EI. Surtout, après les nouvelles attaques dont le pays a été victime ce jeudi.
C’est dans une déclaration faite sur le réseau social Facebook que le gouvernement Al-Sarraj a parlé de “la formation d’une cellule spéciale des opérations militaires contre l’organisation Daech (État islamique, en arabe)”. Les terroristes sont encore maîtres de la ville de Syrte, située à seulement 300 km environ des côtes européennes.
Le gouvernement d’union souhaite aussi une collaboration étroite avec la Communauté internationale, pour “les moyens de soutien qu’elle pourra fournir à la Libye en matière d’armement, de renseignement et d’autres formes d’appui” pour combattre les terroristes. A la fin du mois d’avril dernier, Fayez Al-Sarraj évoquait la nécessité d’une action conjointe “pour anéantir Daech”.
Ce jeudi, les fondamentalistes ont revendiqué un attentat-suicide et des attaques à Misrata, localité située à l’ouest de la Libye. Ces attaques ont fait au moins huit morts et 105 blessés. Ces chiffres émanent de l’hôpital central de Misrata.
La nouvelle cellule de lutte contre le terrorisme a pour mission de coordonner les opérations de lutte contre les islamistes de l’EI. Sa zone de couverture, à l’ouest de la Libye, part de Misrata (200 km de Tripoli) à Syrte, fief de l’organisation djihadiste situé à 450 km de la capitale libyenne.
Eviter le risque d’une guerre civile
Le gouvernement d’union a ordonné à ses troupes de ne pas attaquer sans son feu vert, sauf en cas de légitime défense. Mais nombreux sont les groupes armés qui échappent à son contrôle dans cette zone et qui pourraient lancer des offensives contre les djihadistes. Ce qui pourrait ouvrir les portes d’une guerre civile extrêmement violente, étant donné le caractère enflammé des protagonistes et les enjeux économiques en perspective. En effet, la Libye est grande productrice de pétrole et par conséquent, membre de l’OPEP (Organisation des pays producteurs de pétrole).
Oussama Badi, le porte-parole du Conseil municipal, a laissé entendre que “le conseil municipal a immédiatement pris contact avec le gouvernement d’union, l’exhortant à assumer ses responsabilités en tant que Commandant suprême de l’armée.” Il a fait cette déclaration après l’attaque des islamistes de l’EI ce jeudi contre un point de contrôle à Abou Grein, près de Misrata.
L’attaque des islamistes n’est pas la première contre cette ville. En effet, à plusieurs reprises, les terroristes ont pris pour cible des postes de contrôle près de Misrata. L’EI a aussi mené des attaques jeudi dernier contre les localités de Baghla et Ouadi Zamzam, près d’Abou Grein.
Le gouvernement d’union a aussi ajouté qu’il mettrait en place “un commandement conjoint pour organiser et coordonner” la lutte anti-djihadiste “sur l’ensemble du territoire”. L’Est du pays, qui jusqu‘à présent échappe à l’autorité du gouvernement d’union, est dans le viseur de la politique d’Al-Sarraj.
Mais dans cette partie de la Libye, la tâche ne s’annonce pas non plus aisée. Des milices lourdement armées et sous le commandement du Khalifa Haftar, ne se laisseront certainement pas désarmer sans livrer bataille.