Suite à la décision en décembre 2015 d’un étudiant en médecine de Dakar d’abandonner ses études pour devenir médecin pour l‘État islamique en Libye, les analystes ont tiré la sonnette d’alarme sur l’avancée des idéologies salafistes, propagées par des imams radicaux. Celles-ci sont susceptibles d’augmenter le nombre de recrues issues de l’Afrique de l’Ouest.
Terrorisme : la montée de la radicalisation des jeunes en Afrique de l'Ouest inquiète
Dans la région de la Casamance, au sud du Sénégal, Boucar Gassama n’a toujours pas de nouvelles de son fils de 25 ans qui étudiait la médecine à Dakar, et qui a abandonné ses études pour rejoindre l‘État islamique, dans son fief africain de Syrte, en Libye, où il soigne les combattants blessés.
Selon les amis et la famille, cette décision prise en décembre au cours de sa cinquième année de médecine, était imprévue.
C’est un humaniste. Quand il faisait la quatrième année déjà, il avait un groupe avec lequel il soignait les malades et les camarades. Ces deux dernières années, il donnait des consultations à la mosquée. Et vraiment, sa manière d’agir… il a agi en solitaire. Je n’ai jamais cru qu’il allait faire ça, a déclaré Gassama, un fonctionnaire retraité, ajoutant qu’il a depuis perdu le contact avec son fils après une dispute suite à sa décision de partir.
D’après l‘État islamique, les combattants de pays tels que le Tchad, le Ghana, le Sénégal et le Nigeria, sont déjà en Libye, où le groupe consolide sa présence.
Valeurs conservatrices
Après les récentes attaques terroristes en Afrique de l’Ouest, principalement en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso revendiquées par Aqmi, des craintes d’une radicalisation des jeunes sont apparues dans l’opinion publique de cette région.
Les experts disent que les versions conservatrices et parfois radicales de l’islam ont gagné du terrain dans certains pays tels que le Mali et le Niger.
Selon les analystes et les experts en sécurité, la pénétration financière et doctrinale du salafisme – une école fondamentaliste de pensée prônant un retour aux formes originales de l’islam dans la région – associée à la propagande de groupes militants menacent la stabilité de pays comme le Sénégal.
Par ailleurs, certains érudits religieux recommandent que davantage soit fait pour guider les lectures du Coran dans les écoles religieuses.
Ce n’est pas en fait des gens qu’on a vu grandir dans l’islam avec une éducation islamique. L‘éducation c’est un processus. Vous et moi nous sommes musulmans. On ne l’est pas devenu spontanément. Nous ne sommes pas des convertis. On a reçu une éducation de paix, d’amour, d’affection, de tolérance et d’ouverture où nous sommes nés, a déclaré l’Imam sénégalais Cissé Djiguiba.
À travers la bande aride du Sahel en Afrique, les diplomates occidentaux notent une hausse des valeurs conservatrices favorisée par les dizaines de millions de dollars en dons annuels de charité en provenance des pays du Golfe et appelés “Zakat”.
Vers un contrôle accru des dons
Les recrutements au sein de l‘État islamique et d’autres groupes djihadistes ont amené des pays comme la Mauritanie à fermer plusieurs écoles coraniques dès janvier, pour des raisons de sécurité.
Au Mali, où l’insurrection islamiste s’intensifie, certains appellent au contrôle des mosquées et des ONG.
Toutefois, priver les communautés pauvres de services populaires tels que les orphelinats et les voyages d‘études gratuits vers l’Arabie saoudite pourrait être controversé et provoquer des frustrations.