Le Mali a rendu un dernier hommage au photographe Malick Sidibé, un des pionniers africains de son art, décédé vendredi à Bamako, à l‘âge de 80 ans.
Le Mali a rendu un dernier hommage au photographe Malick Sidibé
Malick Sidibé a reçu les honneurs de la nation, samedi, dans un quartier populaire de la capitale malienne, avant d‘être acheminé dans son village où il sera enterré. Mais, celui que ses compatriotes considèrent comme un “baobab” restera toujours éternel aux yeux des Maliens. “Malick Sidibé, toi qui, par la photographie, as su être la mémoire des évolutions des classes sociales maliennes, tu n’as eu d’autre destin que celui de t’inscrire dans la mémoire collective du monde de l‘éternité.”, a témoigné N’Diaye Ramatoulaye Diallo, ministre malienne de la Culture.
Le décès de Malick Sidibé a été ressenti comme un choc par ses hériters et le monde de la Culture malienne, qui pleurent la perte d’un monument. “Un esprit créatif, il fait sa conception très rapidement, il vérifie tout et il déclenche. Malick, ce que j’ai constaté, il a rarement fait deux photos pour la même prise. Une, et s’il doute, c’est une deuxième, ça, c’est vraiment une particularité de Malick Sidibé.”, explique Youssouf Sogodogo, directeur du Centre de formation en photographie de Bamako. Selon le ministère français de la Culture, Malick Sidibé était un des photographes maliens les plus connus à l‘étranger. Considéré comme un des plus grands portraitistes de la seconde moitié du XXe siècle, il fut le premier artiste africain exposé seul au Grand Palais, à Paris, pour une rétrospective jusqu’en juillet. Il était “souvent qualifié de père de la photo africaine” avec Seydou Keïta. Son œuvre a notamment été récompensée du Lion d’Or à la Biennale de Venise (Italie). Il a également remporté des prix comme le Hasselblad (Suède) et une récompense de l’ICP (Centre International de la Photographie, New York, Etats-Unis).
Entre 1995 et 2015, il avait, selon son frère, exposé ses photos notamment aux Etats-Unis, en Suisse, en France, en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud, au Bénin, en Australie et en Italie. Mort de maladie à l‘âge de 80 ans, il a immortalisé, grâce à ses photos et son studio, les nuits bamakoises dans les années 1960, après l’indépendance de cette ex-colonie française. Entre 1950 et 1960, il avait livré un travail remarquable sur “une période importante de l’histoire africaine, qui fut une étape d‘émancipation, de bouleversements culturels, de fierté et d’espoir pour l’avenir”, avait souligné le jury de Photo España, au moment de lui attribuer son prix en 2009. “Tu n’imagines pas pouvoir parvenir jusque-là quand tu viens d’un petit village et sans être jamais allé à l‘école”, avait réagi Malick Sidibé à l’annonce de sa distinction.