Après la suspension de son aide directe à ce pays dépendant à près de 50 % de l’aide internationale, l’Union européenne, selon certains diplomates, pourrait diminuer le financement des troupes burundaises engagées en Somalie.
L'UE veut réduire l'aide aux soldats burundais en Somalie
Selon des informations fournies par l’agence Reuters, l’Union européenne envisage de réduire ses financements au contingent burundais de la force de maintien de la paix en Somalie (Amisom) pour tenter de contraindre Pierre Nkurunziza, le président burundais, à ouvrir un dialogue avec ses opposants.
“Le soutien au contingent burundais de l’Amisom ne peut pas se poursuivre en l‘état”, a déclaré un diplomate européen à Reuters. Ce demier a ajouté que la suppression totale des financements fait partie des options mises à l‘étude mais demeure improbable, car elle obligerait l’Union africaine, qui supervise les 22.000 soldats de l’Amisom, à trouver d’autres donateurs.
D’après un autre diplomate européen, les fonds versés par l’UE pourraient ne plus être transférés à l‘État burundais qui perdrait les 20 % qu’il conserve actuellement. Il a ajouté que Bruxelles était en train de négocier avec l’Union africaine pour élaborer une stratégie de contournement de Bujumbura.
Le contingent burundais de l’Amisom rapporterait 13 millions de dollars (11,6 millions d’euros) par an à l‘État et 52 millions aux quelque 5 400 soldats qui le composent.
Pour chaque soldat africain envoyé en Somalie, un État participant à l’Amisom reçoit 1 000 dollars par mois pour sa solde et les frais logistiques, une somme payée par un fonds alimenté par l’UE. Dans le cas du Burundi, l‘État ne reverserait que 800 dollars au soldat et en conserverait 200.
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— iTELE (itele) 26 mars 2016
Pour rappel, le 14 mars dernier, l’Union européenne a suspendu son aide financière directe au Burundi en raison des violences politiques qui ont fait plus de 400 morts dans ce pays depuis avril 2015. L’aide européenne au Burundi pour la période 2014-2020 était estimée à 432 millions d’euros. Un appui destiné à consolider l‘État de droit et à dynamiser des secteurs tels que le développement rural, la santé, l‘énergie ou encore la société civile.
Contexte économique difficile
Cette avalanche de “sanctions” contre Bujumbura s’est poursuivie avec la Belgique qui a suspendu son aide directe aux autorités, confinant son soutien financier essentiellement aux projets humanitaires. Parallèlement, Pays-Bas et États-Unis ont retiré au Burundi le statut de “partenaire commercial privilégié”.
Cette série de mauvaises nouvelles arrive dans un contexte économique difficile pour ce pays. Deux indicateurs étayent cet argument. Le Burundi détient l’un des PIB par habitant les plus faibles au monde, autour de 275 euros par habitant en 2014 en moyenne. Par ailleurs, pour l’année 2016, le gouvernement a validé un budget déficitaire de plus de 74 millions d’euros, sans tenir compte d‘éventuelles suppressions d’aides par ses partenaires.
Malgré de multiples pressions de pays occidentaux qui ont essayé de débloquer la situation politique dans ce pays, Pierre Nkurunziza dont la candidature à un troisième mandat à la présidentielle de 2015 a été jugée inconstitutionnelle et opposée aux accords de paix d’Arusha de 2000, a toujours fait la sourde oreille.