Malawi : un drone pour aider au dépistage du Sida

Un drone pour améliorer le processus de dépistage du Sida. C’est désormais chose possible. Les premiers essais sont en cours au Malawi pour permettre un dépistage plus efficace du VIH sur les enfants.

Un avion miniature blanc a été programmé pour effectuer des aller-retour entre les dispensaires ruraux et les laboratoires du Malawi cette semaine. Les essais de vols de 10 kilomètres ont eu lieu lundi et mardi à Lilongwe ; il s’agit d’une première sur le continent africain.

Un souci de rapidité

Le ministère de la Santé du Malawi et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) espèrent que ce système permettra à des enfants en situation de vulnérabilité vis-à-vis du VIH, d’être dépistés dans de meilleurs délais que ceux en vigueur aujourd’hui. Ce pays d’Afrique australe possède un des taux les plus élevés de cas de séropositivité au monde ; 10 % de la population adulte est porteuse du VIH et plusieurs milliers d’enfants meurent chaque année de la maladie.

Les chiffres pour 2014 étaient particulièrement alarmants : seule la moitié des 130.000 jeunes touchés par le VIH ont reçu un traitement contre la maladie. Par ailleurs, 10.000 enfants ont péri des suites de maladies opportunes liées au Sida.

C’est pourquoi la question du rapide dépistage du virus est cruciale ; effectuer des tests sur les mères et les jeunes enfants est la priorité pour les autorités sanitaires. Si l’on ne parvient pas à bloquer la transmission du virus de la mère séropositive à l’enfant, dès la naissance, grâce à des antirétroviraux, il faut vérifier si le bébé est porteur du virus à l’âge de six semaines.

La procédure est, en théorie, simple : elle consiste à prélever une goutte de sang qu’on laisse tomber sur un « papier buvard », qui est ensuite transféré au laboratoire. Si le résultat est positif, les médecins prescrivent aussitôt des antirétroviraux à l’enfant. Seulement, en milieu rural, le temps consacré au dépistage, à l’analyse et à la prescription du traitement s‘éternise. Une mère séropositive peut attendre près de trois mois avant de savoir si son bébé est lui aussi porteur du VIH.

Les raisons de ces lenteurs sont principalement liées à des lacunes au niveau logistique ; d’une part, seuls huit laboratoires dans tout le pays sont équipés pour effectuer ces analyses, et d’autre part, les échantillons de sang prélevés sont transportés par des ambulances ou des motos jusqu’aux laboratoires en question, qui mettent deux semaines pour analyser un lot de tubes avant de les renvoyer dans les centres sanitaires concernés.

Des économies considérables ?

L’avantage du drone serait également de réduire considérablement les coûts de transport des tests de dépistage du VIH. La méthode employée actuellement nécessite un budget pour le carburant et les chauffeurs des ambulances et motos effectuant les aller-retour. Les petits avions eux, sont pilotés à distance et fonctionnent avec de l‘énergie solaire, étant équipés de piles rechargeables.

Selon Mahimbo Mdoe, ces appareils pourraient donc permettre de réduire les frais de prévention. « Pour le moment, pour transporter ces tests par véhicule ou par motocyclette, ça coûte environ un million ou un million et demi de dollars par an », ajoute le représentant de l’UNICEF à Lilongwe. L’organisation a par ailleurs annoncé qu’un bilan détaillé des coûts des essais effectués cette semaine serait effectué à son terme.

Reste désormais à savoir si ce système est viable et peut s’exporter sur le reste du continent. Selon l’UNICEF, malgré une certaine ouverture des gouvernements africains à l’utilisation de drones, le processus d’obtention d’une autorisation pour effectuer ces essais s’est avéré laborieux et long au Malawi. Sans oublier le fait qu’en milieu rural, beaucoup ont été choqués et terrorisés de voir des drones voler près de leurs habitations. Plusieurs villageois ont craint des actes de sorcellerie.

“Nous avons dû montrer les drones aux membres des communautés rurales. Nous les avons laissé les toucher, les sentir, les voir voler (...) il s’agit de les démystifier. Ils sont toujours perplexes, mais la peur a disparu”, explique un représentant du projet.
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