Les Burundais célèbrent la 25e édition de cette journée deux jours après l’explosion de trois grenades au centre-ville de Bujumbura.
Burundi : la journée de l'Unité sur fond de violence
De nombreux Burundais ne participent pas à l‘édition 2016 de la journée de l’Unité dans leur pays qui se célèbre ce 05 février. 439 d’entre eux ont été tués depuis le début de la vague de violences consécutive à la décision controversée du président Pierre Nkurunziza de se présenter pour un troisième mandat. A ceux-ci, il faut ajouter les 200 000 déplacés qui se sont réfugiés dans les pays voisins selon des chiffres présentés par diverses sources depuis la fin 2015. Pour ceux qui sont restés sur le territoire national, le contexte n’est pas plus favorable.
Les termes du mémo du chef des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous qui ont fuité dans la presse en début janvier sont de ce point de vue édifiants. Dans le deuxième des trois scénarios qu’il dresse sur l‘évolution de la situation au Burundi, il dit craindre que « le nombre de réfugiés double et [que] le risque humanitaire touche 2 millions de personnes ».
#Burundi 25 ans de #CharteUnité: pnkurunziza à Karusi, P_Nyabenda à Kirundo, Sindimwo_G à Ngozi, ButoreJ à Buja pic.twitter.com/QMNaItULaf— Ikiriho (@Ikiriho) 5 Février 2016
Le développement des tensions entre les différentes parties prenantes à la crise politique qui secoue le Burundi laisse aussi planer un climat de peur au sein de la population. Au fur et à mesure que le dialogue politique se complexifie, le pays assiste à la naissance de groupes armés dont l’objectif proclamé est de contraindre le président Nkurunziza à respecter l’ordre constitutionnel. Le premier d’entre eux a été créé en décembre dernier, il s’agit des Forces républicaines du Burundi. Un mouvement dirigé par le général Niyombaré, l’ex-bras droit du chef de l’Etat burundais. Bien que l’ancien chef d‘état-major de l’armée soit un Hutu, le clivage avec l’ethnie Tutsi fait toujours craindre la régionalisation de la crise.
Les experts des Nations Unies mettent à ce propos le Rwanda à l’index. Kigali est accusé de recruter et de fournir un entraînement aux réfugiés burundais dans le but de renverser l’administration de Pierre Nkurunziza. Les experts de l’ONU se sont rendus dans le camp de réfugiés de Mahama au Rwanda il y a neuf mois et ont recueilli le témoignage de 18 personnes qui prétendent avoir reçu un entraînement militaire pendant deux mois. Une formation dispensée par des instructeurs dont certains sont rwandais, précisent-ils dans leur rapport.