Mo Ibrahim : l'impact de la Covid-19 sur les systèmes de santé en Afrique

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La crise sanitaire actuelle a révélé les dysfonctionnements des systèmes de santé en Afrique. C’est ce qu’explique un nouveau rapport de la fondation Mo Ibrahim.

L’un des principaux challenges auxquels font face les systèmes de santé est l’absence de données dans certains pays, avec ces chiffres très parlants : plus de 50 % des enfants en Afrique n’ont pas d’existence légale, faute d’avoir été déclarés à leur naissance.

De plus, sur le continent, seuls 10% des décès sont officiellement enregistrés, contre 98 % en Europe. Un taux très faible et qui pose problème à l’heure actuelle où les pays du monde recensent minutieusement les personnes mortes du Covid.

Car selon le rapport, les pays africains qui ont le meilleur taux d’enregistrement de leurs décès en général, sont aussi ceux qui aujourd’hui ont déclaré le plus de décès liés au Covid-19.

Autre problème soulevé par le rapport : l’accès aux soins, dont le coût est globalement élevé sur le continent. En 2021, seulement 10 des pays africains offrent à leurs citoyens des soins de santé gratuits et universels : Algérie, Botswana, Burkina Faso, Gabon, île Maurice, Namibie, Rwanda, Seychelles, Tunisie et Zambie.

Pourtant, en 2001, à Abuja, au Nigeria, les pays membres de l’Union africaine se sont engagés à consacrer au moins 15 % de leur budget au secteur de la santé. Mais en 2018, aucun pays africain n'a réussi à tenir cet engagement.

Pire, dans cinq pays, les dépenses publiques de santé sont inférieures à 3 % des dépenses totales des gouvernements : Benin, Cameroun, Comores, Erythrée et Soudan du Sud.

Enfin, le rapport met en lumière un problème majeur : la fuite des cerveaux dans le secteur médical en Afrique.

Une situation aggravée par le Covid-19 : pour renforcer leurs effectifs médicaux, plusieurs pays occidentaux ont fait appel à des médecins étrangers, en particulier des Africains. C’est le cas des Etats-Unis qui, fin mars 2020, après un appel à candidatures, ont recruté 8 600 docteurs égyptiens.

Chaque pays africain dépense environ entre 21 000 $ et 59 000 $ pour former un médecin. Chaque année, on estime que l'Afrique perd environ 2,0 $ milliards à cause de cette fuite des cerveaux dans le secteur de la santé. À l’inverse, grâce à ces médecins formés en Afrique, des pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada économisent au total 4,6 milliards de dollars en coûts de formation.

Au total, d’ici 2030, l’Afrique connaîtra une pénurie de 6,1 millions de personnes travaillant dans le secteur médical.

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