Cameroun : des séparatistes anglophones exigent d'être jugés en anglais

Au Cameroun, les avocats de sécessionnistes anglophones dont leur leader Julius Ayuk Tabe Sisiku exige d‘être jugés en appel en anglais. Pour des besoins d‘équilibre, argumente la défense.

Première audience, premier couac jeudi à la cour d’appel de Yaoundé au Cameroun. Le leader séparatiste anglophone Julius Ayuk Tabe Sisiku et ses quelque neuf coaccusés condamnés en première instance à la prison à vie ne se sont pas présentés à la barre à l’appel du président du jury.

Et pour cause, ils veulent être jugés rien qu’en anglais et non en français, moins encore dans une autre langue. Un motif ou préalable que la défense a aussitôt jugé légitime. Pour Me Emmanuel Simh, l’un des avocats de la défense cité par des médias locaux, les textes camerounais indiquent que tout prévenu est tenu d‘être jugé dans une langue qu’il maîtrise le mieux.

Ce qui, à en croire l’avocat, est à l’origine de frustrations. « On a tendance à privilégier l’une des deux langues, et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nos frères et compatriotes anglophones se sont mis en rébellion contre eux », a confié Me Simh à une chaîne de radio de Douala, la capitale économique.

La cour a ainsi décidé du renvoi du dossier.

Il y a un an, le tribunal militaire de Yaoundé condamnait à la prison à vie, 10 dirigeants du mouvement séparatiste anglophone dont le leader Julius Sisiku Ayuk Tabe pour « terrorisme » et « sécession ».

Une peine en lien avec le projet de création par des Camerounais d’expression anglaise d’un État appelé « Ambazonie ». Un projet né de ce qu’on appel « crise anglophone ».

Une crise née en novembre 2016 lorsque des Camerounais de ces régions commencèrent à dénoncer la « marginalisation » dont ils se disaient être victimes de la part du gouvernement central, tout en revendiquant un retour au fédéralisme comme c‘était le cas avant 1972.

Des doléances auxquelles Yaoundé n’a pas daigné déférer. C’est ainsi qu’en fin 2017, des séparatistes prirent les armes pour faire face aux forces armées camerounaises. Et en trois ans, la crise anglophone a déjà fait plus de 3 000 morts dans les deux camps, mais surtout parmi les civils dont plus de 700 000 ont dû quitter leurs domiciles pour se réfugier dans d’autres régions du pays ou au Nigeria voisin.
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