Nigeria – Arrestation de Sowore : colère d'Amnesty International contre les renseignements

L‘écho de l’affaire Omoyele Sowore du nom du journaliste et activiste politique arrêté par le service de renseignements en dépit d’une liberté sous caution accordée par la justice, résonne désormais au-delà des frontières nigérianes. En première ligne, Amnesty International très « choqué ».

Pour l’ONG de défense et de promotion des droits de l’homme, il s’agit du respect des lois. « Cela soulève de graves préoccupations pour nous en tant qu’organisation et en tant que pays. L’autorité ne peut pas choisir les lois à respecter et celles à ne pas respecter », a déclaré lundi Osai Ojigho, directeur d’Amnesty International au Nigeria.

Tout a commencé vendredi dernier, quand la cour fédérale d’Abuja statuait sur l’affaire Omoyele Sowore, le journaliste et militant « pro-démocratie » poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation dont la trahison, le blanchiment d’argent et le harcèlement contre le président de la République.

C’est ainsi que des agents du Departement State Security (DSS, Service de la sécurité d‘État), service de renseignements du Nigeria ont fait irruption dans la salle. Ils ont évacué les jurés et arrêté Omoyele Sowore. Alors que ce dernier en se présentant devant la barre du tribunal, était déjà bénéficiaire d’une liberté sous caution accordée depuis mars.

« Nous sommes à nouveau choqués par l’arrestation de Sowore malgré le fait qu’il a été libéré par une décision de justice en bonne et due forme », dénonce encore Osai Ojigho. Non sans évoquer le cas d’un autre prévenu arrêté malgré une liberté sous caution.

Pas encore de réaction d’Abuja

Bien avant Amnesty International, le Parti démocratique populaire (PDP), principale formation de l’opposition a sévèrement critiqué l’acte du DSS.

« Loin de nous toute velléité d’hypothéquer une procédure de justice, nous au sein du PDP, estimons en toute citoyenneté que la justice est la seule institution à prononcer la sentence appropriée à cette affaire. Le recours à la force ne résout pas le problème », déclarait lKola Ologbondiyan, porte-parole du principal parti d’opposition.

Les autorités nigérianes n’ont pas encore réagi à ces différentes critiques. Toutefois, cette situation augure déjà d’un vif débat sur la séparation des pouvoirs au Nigeria. Journaliste au site Sahara reporters, Sowore est un opposant au régime de Muhammadu Buhari. Il n’hésite pas à sortir des enquêtes mettant en lumière les défaillances de l’État et de l’armée sur son site d’information.

Avec 36,50 points, le pays le plus peuplé d’Afrique pointe à la 120è place (sur 180) dans le classement 2019 de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse.
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