Congo : Ntumi désormais libre

La justice congolaise a levé le mandat d’arrêt contre l’ex-chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, à la tête de la rébellion dans la région du Pool au sud de Brazzaville. Une mesure qui pourrait compléter l’accord de paix conclu le 23 décembre avec l’opposant.

Une conférence de presse pour confirmer ce qui était jusqu’ici officieux. Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi n’est plus ce « terroriste » qui mettait en péril la paix chèrement acquise. La justice congolaise vient d’abandonner toutes les charges contre l’ancien chef rebelle.

« Je viens de retrouver ma liberté de mouvement dans mes actions, mes entreprises privées et tous mes droits à travers l’arrêt rendu le 27 juillet par la cour d’appel de Brazzaville », a déclaré le pasteur Ntumi dans un message lu devant les journalistes par Philippe Ané Bibi, son représentant.

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L’arrêt ordonne la « levée immédiate des mandats d’arrêt. Dans cette perspective, je marque ma disponibilité à œuvrer pour la paix jusqu’au parachèvement de son processus (dans le cadre) des engagements pris découlant de l’accord du 23 décembre 2017 », indique le message.

Ntumi appelé à participer à la consolidation de la paix

Lequel message a été confirmé par le gouvernement congolais. « Depuis vendredi 27 juillet, le révérend pasteur, Ntumi a recouvré tous ces droits et libertés pour participer (lui aussi) au processus de paix », a expliqué Séraphin Ondélé, directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur.

Le mandat d’arrêt contre Ntumi et deux de ses lieutenants avait été émis « pour assassinat, détention illégale d’armes et de munitions de guerre, vol et destruction d’édifices publics ». La rébellion dans le Pool au sud de Brazzaville avait éclaté au lendemain de la réélection contestée en mars 2016 du président Denis Sassou Nguesso, 75 ans dont 34 au pouvoir depuis 1979.

Une guerre à huis-clos entre l’armée gouvernementale et les ex-combattants ninjas dirigés par Ntumi avait provoqué le déplacement de 138.000 personnes, selon des sources humanitaires.

Le gouvernement avait annoncé le 23 décembre un accord de cessation des hostilités. Il prévoyait le ramassage des armes et le retour des civils dans le Pool, ainsi qu’une commission mixte paritaire de suivi, mais rien sur le sort du pasteur Ntumi.

Peut-être une injonction du FMI

Mais, ce n’est pas la première guerre du Pool. La région avait déjà été le théâtre d’affrontements entre l’armée et la rébellion entre 1998 et 2003. Là aussi, un accord avait mis fin aux hostilités. Et Ntumi fut nommé haut commissaire du gouvernement chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre.

Poste qu’il occupa pendant de longues années avant de tomber en disgrâce du fait des affrontements en avril 2016 entre ses miliciens et les éléments de la force publique. Dès lors, Ntumi bénéficiera-t-il encore d’une promotion de la part du pouvoir en place ? Si oui, à quel poste ? Difficile de le savoir.

Toutefois, c’est un pas de plus vers l’apaisement. Ce qui pourrait faciliter, voire accélérer les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Selon certains médias, l’institution de Bretton Woods aurait promis d’examiner de nouveau le dossier du Congo aux fins d’une aide financière destinée à atténuer les effets de la crise économique qui étrangle le pays depuis 2014 du fait de la chute drastique des cours du pétrole.

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