Le président érythréen et le Premier ministre éthiopien se rencontreront "bientôt"

Le président érythréen Issaias Afeworki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed se rencontreront “bientôt”, a rapporté la radio-télévision proche du pouvoir éthiopien Fana, annonçant la première rencontre en près de 20 ans entre les plus hauts dirigeants de ces frères ennemis de la Corne de l’Afrique.

“La visite de la délégation érythréenne a établi un terrain fertile pour la restauration de la paix entre les deux pays”, a indiqué sur son site internet Fana, en disant rapporter les propos du ministre éthiopien des Affaires étrangères, Workneh Gebeyehu.

Une délégation érythréenne de haut niveau, composée notamment du ministre des Affaires étrangères Osman Saleh et du conseiller spécial du président Issaias, Yemane Gebreab, a effectué une visite historique cette semaine à Addis Abeba.

Inimaginable il y a encore quelques semaines, l’envoi de cette délégation avait été décidé par le chef de l‘État érythréen, en réponse à un signe d’ouverture du régime éthiopien et de son Premier ministre réformateur, qui a pris ses fonctions en avril.

Au début juin, M. Abiy, 42 ans, a amorcé un profond changement de politique, en annonçant son intention d’appliquer un accord de paix signé en 2000 avec l‘Érythrée et la décision, deux ans plus tard, d’une commission soutenue par l’ONU sur la démarcation de la frontière, qui donnait la ville symbole de Badme à l‘Érythrée.

Enfin le temps de la paix ?

Signé en 2000, l’accord d’Alger avait mis fin à la guerre qui avait opposé l’Éthiopie et l‘Érythrée de 1998 à 2000 (80.000 morts). Un désaccord sur le tracé de la frontière avait en partie été à l’origine de ce conflit.

En 2002, la commission internationale indépendante avait tranché en faveur de l‘Érythrée. Mais l‘Éthiopie avait refusé de se conformer à cette décision, sans que la communauté internationale lui réclame de comptes, et elle continue pour l’heure à occuper Badme.

L‘Éthiopie n’a pas indiqué quand ses troupes quitteraient Badme. Un journaliste de l’AFP avait constaté à la mi-juin qu’elles étaient toujours sur place.

L’occupation de cette ville et la nécessité de se défendre contre l‘Éthiopie sont depuis des années des arguments utilisés par le président Issaias, au pouvoir depuis 1993, pour justifier un régime parmi les plus répressifs au monde.

L’autoritarisme du régime Issaias a isolé l‘Érythrée sur la scène diplomatique et provoqué un exode massif de ses citoyens qui ont préféré les dangereuses routes migratoires vers l’Europe à la vie dans leur pays.

L‘Érythrée était par le passé la façade maritime de l‘Éthiopie, mais elle a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme d’une guerre de trois décennies.

AFP
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