Libye
Le Parlement libyen a contesté mardi le bilan de l'émissaire de l'ONU pointant son échec dans l'élaboration d'un cadre légal pour des élections et annonçant une nouvelle initiative pour permettre leur tenue.
L'émissaire, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, a annoncé lundi devant le Conseil de sécurité le lancement d'une "initiative visant à permettre l'organisation et la tenue d'élections présidentielle et législatives en 2023" pilotée par un "panel de haut niveau".
Il a pointé l'échec de la Chambre des représentants basée dans l'Est libyen et le Haut conseil d'Etat (HCE), qui fait office de Sénat sis à Tripoli, de "se mettre d'accord sur une base constitutionnelle consensuelle pour les élections".
"Nous sommes surpris par les erreurs dans cet exposé sur l'échec du Parlement et du Haut conseil à adopter une base constitutionnelle pour la tenue des élections", a indiqué la présidence du Parlement dans un communiqué, accusant la mission onusienne en Libye de "partialité".
Le Parlement avait voté le 8 février le "13e amendement" à la Déclaration constitutionnelle - qui fait office de Constitution provisoire - en le présentant comme un cadre juridique pour la tenue des scrutins initialement prévus en décembre 2021 mais reportés sine die en raison de divergences persistantes entre camps rivaux.
Cet amendement "doit encore être approuvé par le HCE", a souligné M. Bathily, alors que le texte a déjà été publié dans le Journal officiel par le Parlement lui-même.
"Ce 13e amendement constitutionnel a suscité la controverse dans la classe politique libyenne et parmi la population" pour avoir omis de régler "des différends primordiaux tels que les critères d'éligibilité à la présidentielle" et pour l'absence "d'une feuille de route claire et un calendrier pour la tenue d'élections inclusives en 2023", a-t-il ajouté.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Le pays est miné par les divisions entre l'Est et l'Ouest et par les ingérences étrangères. Deux gouvernements rivaux se disputent le pouvoir, l'un installé à Tripoli - et reconnu par l'ONU -, l'autre à Syrte (centre), soutenu par le Parlement.
Les désaccords sur le cadre juridique électoral portent notamment sur les conditions que les candidats à la présidentielle doivent remplir.
Le camp de l'Ouest refuse qu'il soit un militaire ou de double nationalité, ce qui reviendrait à écarter le maréchal Khalifa Haftar, homme fort du camp de l'Est qui, pour sa part, s'oppose à l'exclusion d'un quelconque candidat selon ces critères.
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