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Angola : l'héritage controversé de l'ex-président dos Santos

Sur cette photo prise le 8 septembre 2018, le président angolais Joao Lourenco remet une médaille à l'ancien président Jose Eduardo Dos Santos.   -  
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AMPE ROGERIO/AFP or licensors

Angola

Jose Eduardo dos Santos, qui a présidé l'Angola pendant près de 40 ans, est décédé vendredi dans la clinique de Barcelone où il était hospitalisé depuis deux semaines en raison d'un arrêt cardiaque, a annoncé le gouvernement. L'ancien président de l'Angola est accusé d'avoir largement détourné les ressources de son pays en favorisant sa famille et ses proches.

Son successeur à la tête de l'Etat lusophone et riche en pétrole, l'actuel président Joao Lourenço, a décrété un deuil national de cinq jours à compter de samedi pour honorer sa mémoire.

La famille de M. dos Santos avait révélé au début du mois que l'ex-chef de l'Etat avait subi un "arrêt cardio-respiratoire" le 23 juin. Il était hospitalisé depuis en soins intensifs.

L'une de ses filles, Tchizé, opposante au président angolais actuel, souhaite une autopsie de sa dépouille, "de crainte" que le corps soit transféré en Angola rapidement, affirme-t-elle dans un communiqué à l'AFP. Quelques jours plus tôt, elle avait porté plainte en Espagne pour des "faits présumés de tentative d'homicide".

L'un des dirigeants africains en poste le plus longtemps, M. dos Santos, né dans un bidonville, est accusé d'avoir largement détourné les ressources angolaises en favorisant sa famille et ses proches, alors que beaucoup des 33 millions d'Angolais vivent sous le seuil de pauvreté. Il a régné sur le pays d'une main de fer mais son empreinte n'a pas survécu à son départ.

Président de l'Angola

Dans les années 1970, José Eduardo Dos Santos poursuit son ascension politique en intégrant le Comité central du MPLA. Il devient chef de la diplomatie à l'indépendance en 1975, avant d'être investi quatre ans plus tard chef de l'Etat par le parti, dont il prend la présidence.

Dos Santos est arrivé au pouvoir en 1979, quatre ans après que l'Angola a obtenu son indépendance du Portugal et s'est retrouvé mêlé à la guerre froide en tant que champ de bataille par procuration.

Son parcours politique s'étend du régime marxiste à parti unique des années post-coloniales à un système de gouvernement démocratique adopté en 2008. Il s'est volontairement retiré lorsque sa santé a commencé à décliner.

Le principal ennemi de Dos Santos pendant plus de deux décennies a été Jonas Savimbi, chef des rebelles de l'UNITA, dont la guérilla menée dans la brousse après l'indépendance visait à évincer le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) de Dos Santos.

Le MPLA bénéficiait du soutien financier de l'URSS et du soutien militaire de Cuba dans sa guerre contre l'UNITA. Savimbi était soutenu par les États-Unis et l'Afrique du Sud. La guerre durera, avec de brèves périodes de paix sous l'égide de l'ONU, jusqu'en 2002, date à laquelle l'armée traquera finalement Savimbi dans l'est de l'Angola et le tuera. 

Héritage controversé

Dos Santos a brusquement abandonné sa politique marxiste après l'effondrement de l'Union soviétique au début des années 1990. Il s'est rapproché des pays occidentaux, dont les compagnies pétrolières ont investi des milliards de dollars dans l'exploration principalement offshore.

Ses partisans ont loué sa capacité à s'adapter à des circonstances changeantes. Ses détracteurs l'ont qualifié de sans scrupules. 

José Eduardo Dos Santos a été invité à la Maison Blanche en 2004 par le président de l'époque, George W. Bush, alors que les États-Unis cherchaient à réduire leur dépendance au pétrole du Moyen-Orient.

L'Angola est devenu le deuxième plus grand producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne après le Nigeria, produisant près de 2 millions de barils par jour. Après le cessez-le-feu de 2002, l'Angola se hisse au rang de premier producteur d'or noir du continent, déterrant des diamants d'une valeur de plus d'un milliard de dollars par an. 

Cependant, cette richesse n'a jamais atteint le peuple angolais, qui, pendant et après la guerre civile, a été menacé par de vastes zones de champs de mines non cartographiées et n'avait qu'un accès limité aux équipements de base, tels que l'eau courante ou les routes. L'éducation et les soins de santé étaient rares. 

"José Eduardo dos Santos a laissé aux Angolais un pays complètement désemparé, dominé par l'indigence, un pays qui a gaspillé toutes ses chances de vivre heureux et autonome" affirme Graça Campos, journaliste et ancien directeur de l'hebdomadaire angolais Semanario Angolense.

Plus de 4 milliards de dollars de recettes pétrolières ont disparu des caisses de l'État angolais entre 1997 et 2002, a indiqué Human Rights Watch, basé à New York, dans un rapport de 2004 fondé sur une analyse des chiffres du Fonds monétaire international.Le président João Lourenço a déclaré que 24 milliards de dollars avaient été volés pendant le règne de José Eudardo dos Santos.

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