Côte d'Ivoire
"Agissons vite !". La COP15 contre la désertification a débuté lundi à Abidjan en présence de plusieurs chefs d'État africains, pour tenter d'agir concrètement face à la dégradation rapide des terres et répondre "à l'urgence climatique".
Moins connue que sa "grande sœur" sur le climat, cette 15e Conférence des parties (COP) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), aborde des questions tout aussi cruciales à l'heure où l'ONU estime que 40% des terres sont dégradées dans le monde.
"Notre sommet se tient dans un contexte d’urgence climatique qui impacte durement nos politiques de gestion des terres et exacerbe le phénomène de sécheresse", a déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara en ouverture de la COP15.
"Nos peuples fondent beaucoup d’espoir sur nous. Nous n’avons pas le droit de les décevoir. Agissons vite, agissons ensemble pour donner une nouvelle vie à nos terres!", a-t-ii poursuivi.
Neuf chefs d'États africains, dont le président nigérien Mohamed Bazoum, son homologue congolais Felix Tshisekedi ou encore le Nigérian Muhammadu Buhari étaient présents autour d'Alassane Ouattara.
Plusieurs d'entre eux ont pris la parole, M. Bazoum déplorant par exemple "les rendements agricoles qui baissent d'année en année", tandis que M. Tshisekedi pointait "l'allongement des saisons sèches" et "l'avancée des déserts du Sahara et du Kalahari" sur le continent.
Les dirigeants se sont notamment engagés à "continuer d'accorder la plus grande priorité aux problèmes de la sécheresse et de la désertification".
"Initiative d'Abidjan"
Lundi matin, Alassane Ouattara a présenté "l'Initative d'Abidjan", un grand programme visant à mobiliser 1,5 milliard de dollars sur cinq ans pour restaurer "les écosystèmes forestiers dégradés en Côte d'Ivoire" et promouvoir "des approches de gestion durable des sols", espérant "inspirer d'autres pays".
La Banque africaine de développement et l'Union européenne font partie des principaux bailleurs de ce projet.
Comme de nombreux pays africains, la Côte d'Ivoire est concernée au premier chef par la désertification: sa surface forestière a diminué de 80% depuis 1900, de 16 millions d'hectares à 2,9 millions en 2021.
"Au rythme actuel, notre forêt pourrait disparaître entièrement a l'horizon 2050", a averti le chef de l'Etat ivoirien.
Les participants à la COP15 - dont le thème est "Terres. Vie. Patrimoine : d’un monde précaire vers un avenir prospère" tenteront de proposer d'autres mesures concrètes pour stopper l’accroissement de la désertification.
"La Conférence portera une attention particulière à la restauration d'un milliard d'hectares de terres dégradées d'ici 2030, la pérennité de l'utilisation des terres face aux impacts du changement climatique et la lutte contre l'augmentation des risques de catastrophe tels que les sécheresses, les tempêtes de sable et de poussière et les incendies de forêt", a indiqué l'organisme onusien du CNULCD, dans un communiqué.
Le continent africain est particulièrement touché par la désertification, notamment dans sa bande sahélienne.
La question de la Grande Muraille verte, projet pharaonique qui vise à restaurer cent millions d'hectares de terres arides en Afrique d'ici 2030 sur une bande de 8.000 km allant du Sénégal à Djibouti, devrait notamment être abordée au cours des travaux qui s'achèveront le 20 mai.
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