Interview
Dans la lignée des entretiens autour de son 5e anniversaire, Africanews s’interroge sur l’état de la musique en Afrique et vers quel horizon la projeter pour les cinq prochaines années ? Pour en parler, la légende nigériane Femi Kuti, fils aîné du non moins légendaire musicien d'afrobeats, Fela Kuti.
Nous devons tout d’abord faire ressortir que cet entretien intervient juste après une reconnaissance majeure envers l’Afrobeats avec la victoire aux Grammy Awards d’un artiste nigérian, BurnaBoy, un artiste influencé par votre père, Fela, et même par votre musique.
Félicitations à lui. Wizkid a également été nommé, et a remporté un prix avec Beyonce. Donc c’est toujours génial pour l'Afrique. Le seul écueil dans tout cela, c’est que nous ne devrions pas attendre que le monde extérieur nous dises que nous avons du talent pour le reconnaître. Nous progressons encore lentement, mais sûrement.
Vous avez remporté plusieurs nominations aux Grammy Awards et avez tellement poussé les limites de l'Afrobeat à travers le monde…
Juste une précision. L’Afrobeat est très différent des Afrobeats actuels. Il est important de le rappeler. Je joue de l’Afrobeat. Les autres jouent à faire de l’Afrobeats, c'est fantastique.
C'est bien que vous signaliez cela car il se passe tellement de choses et tout le monde dit simplement Afrobeat. Pouvez-vous nous expliquer la différence ?
La différence est que Fela Kuti a créé l'Afrobeat. L'harmonisation et les rythmes, et ensuite, le message politique, qui est probablement secondaire. Mais tout l'arrangement du format musical de l'Afrobeat est très différent.
Ce que font les Afrobeats actuels ressemblent plus à une sorte d’hip hop, mais ils prennent des rythmes de l'Afrobeat, ce qui le distingue du monde du hip hop ou de la pop pour le rendre plus africain. Voilà donc la différence. Il s’agit plutôt de musique orientée commerciale.
Où voyez-vous la musique africaine dans les cinq prochaines années ?
Je pense que l'Afrobeat inspirera toujours. N'oubliez pas que lorsque mon père a créé l'Afrobeat, je ne pense même pas avoir reconnu à quel point sa musique était influente. Même le grand Miles Davis est revenu vers nous. Mon père était un grand fan de Miles Davis, qui l’a beaucoup influencé. Dans son autobiographie, il est écrit que la musique de mon père sera l'une des premières dans le monde. Au moins 90% de l'industrie musicale a été influencée par son travail. Je pense que ce sera toujours le cas et qu’elle grandira toujours.
L'Afrobeats est maintenant comme le disco africain. Cela devient également très important. L'Afrique apportera toujours une contribution positive à cet égard dans les sports, la musique et le cinéma, parce que nous sommes un peuple très résilient.
Un message à la génération de jeunes Africains qui ont été inspirés par l'afrobeat et la musique africaine en général ?
Pas seulement pour la musique. L'Afrique peut faire l'envie du monde. Nous devrions le faire. Nous ne devons pas laisser la négativité nous diviser et nous devrions tous réfléchir. Nous devrions ramener l'esprit de Marcus Garvey, de Malcolm X, de Martin Luther King et de Patrice Lumumba.
L'Afrique doit s'unir. Nous devons mettre nos différences de côté et penser avec une seule terre, un seul esprit, et construire l'Afrique. Nous avons tout en Afrique. Nous ne devons pas toujours être à la hauteur de l'Europe et de l'Amérique pour obtenir des conseils ou quoi que ce soit. Nous avons civilisé le monde. Nous devrions revenir en arrière, rechercher notre histoire, et remettre l'Afrique positivement sur la carte du monde.
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