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Éthiopie : la coalition au pouvoir fusionne, une victoire pour Abiy

Ethiopie

Trois des quatre partis de la coalition au pouvoir en Ethiopie, établis sur une base ethnique, ont décidé de fusionner en un seul parti, offrant un précieux succès politique au Premier ministre Abiy Ahmed, initiateur de ce changement destiné à renforcer l’unité du pays.

Le nouveau parti créé pour succéder au Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF) en vue des élections générales prévues en mai 2020, s’appellera le Parti de la prospérité (PP).

“La décision unanime prise aujourd’hui (jeudi) de fusionner le parti est une étape cruciale pour canaliser notre énergie afin de travailler à une vision partagée”, a déclaré le Premier ministre sur son compte Twitter.

“Le Parti de la prospérité est déterminé à renforcer et mettre en œuvre un système véritablement fédéral, qui reconnaisse la diversité et les contributions de tous les Éthiopiens”, a-t-il ajouté.

La décision a été prise à l’unanimité par le Conseil de l’EPRDF, car l’un des partis de la coalition, le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), avait choisi de boycotter la rencontre.

Le TPLF, qui pendant près de trois décennies a dominé l’EPRDF, avant l’arrivée au pouvoir de M. Abiy en avril 2018, craignait que son influence ne soit encore plus diluée par la fusion.

Fekadu Tesemma, un membre du Comité exécutif de l’EPRDF, a indiqué aux médias d‘État que le programme du Parti de la prospérité avait été adopté jeudi et que son règlement intérieur serait discuté vendredi.

L’EPRDF avait été créé à la fin des années 1980 par les rebelles opposés au régime militaro-marxiste du Derg, dirigé par le dictateur Mengistu Haile Mariam (1974-1991).

Centralisation du pouvoir

Il a accédé au pouvoir en 1991 et a ensuite exercé un contrôle étroit sur l‘Éthiopie pendant près de trois décennies.

Bien que composé de quatre partis régionaux établis sur des bases ethniques, il a été pendant presque toute son histoire dominé par le TPLF, qui avait mené la lutte contre Mengistu.

Les Tigréens, qui ne constituent plus que 6 % de la population, ont ainsi longtemps disposé d’un pouvoir sans commune mesure avec leur importance numérique.

Des manifestations antigouvernementales menées à partir de fin 2015 par les Oromo et les Amhara, les deux principales ethnies du pays, ont mis en péril la position dominante de l’EPRDF et débouché sur l’arrivée au pouvoir de M. Abiy.

Depuis lors, le TPLF a perdu l’essentiel de son pouvoir, au point que pour les analystes l’inimitié entre les Tigréens et M. Abiy signifiait que la coalition n’existait plus que sur le papier.

En octobre, le TPLF avait prévenu que si le gouvernement décidait d’imposer de force cette fusion, cela risquait de mettre l‘Éthiopie “sur la route de la désintégration”.

La manœuvre a également été critiquée par Jawar Mohammed, un controversé magnat des médias et ancien allié de M. Abiy, au pouvoir de nuisance considérable pour le Premier ministre.

Dans une interview avec l’AFP en octobre, cet Oromo, comme M. Abiy, avait dit voir dans la fusion une “expérimentation” dangereuse de centralisation du pouvoir.

‘Renforcer l’unité nationale’

Malgré les critiques, M. Abiy s’en est tenu fermement à son projet. Devant les députés le 22 octobre, il avait écarté l’idée que la fusion pourrait entretenir l’instabilité.

M. Abiy semble faire le pari que le changement d’image de l’EPRDF aidera ses membres à obtenir de meilleurs résultats aux prochaines élections, suggère Abel Abate, un analyste politique éthiopien.

Dans la situation actuelle, les partis membres de la coalition en Oromia et en région amhara auraient “des difficultés à gagner la majorité des sièges dans leur région”, estime M. Abel.

L’objectif de M. Abiy avec cette fusion est aussi de tempérer les violences communautaires qui n’ont cessé de marquer son début de mandat.

Il voit en ça “un moyen d’en finir avec les tensions communautaires qui ont été créées dans le pays par les partis + ethno-nationalistes + dans leurs régions respectives”, explique M. Abel.

La fusion aurait aussi des conséquences majeures sur la manière dont l‘Éthiopie est gouvernée, car jusqu‘à présent les quatre partis qui formaient l’EPRDF gouvernaient leurs propres régions.

“La formation du PP (Parti de la prospérité) peut avoir des implications positives, car elle pourrait renforcer l’unité nationale et l’harmonie ethnique au sein d’un régime politique éthiopien divisé”, estime Abebe Aynete, un chercheur éthiopien.

Mais, met-il en garde, “pour que ce soit le cas, il faut d’abord que les intentions et les programmes du PP soient compris par le public”.

AFP

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