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Contentieux électoral en RDC : situation tendue avant le verdict

Contentieux électoral en RDC : situation tendue avant le verdict

République démocratique du Congo

Pressions sur la Cour constitutionnelle, discours tribalistes,… Quelque cinq jours avant le verdict relatif aux litiges électoraux, le climat sociopolitique semble bien tendu en RDC. Et pourrait exploser.

Une RDC qui retient son souffle. Ce, depuis le début mardi 15 janvier, de l’examen par la Cour constitutionnelle des requêtes introduites par différents candidats à la présidentielle du 30 décembre.

Parmi les requérants, Martin Fayulu de Lamuka, une coalition de l’opposition. Lui qui ayant dénoncé un « putsch électoral » avait revendiqué un score de 61 % des suffrages, alors que selon les données de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), c’est Félix Tshisekedi qui l’avait emporté avec 38 %. Martin Fayulu et Emmanuel Ramazani, candidat du camp Kabila, avaient obtenu respectivement 34 % et 24 % des voix.

Pour Fayulu comme pour des acteurs de la société civile ainsi que des chancelleries étrangères, la cour constitutionnelle devrait procéder au recomptage manuel des voix. Ce qui n’est pas du goût du ministère public qui a requis dès le premier jour des audiences, le rejet de la requête du candidat de Lamuka, faute de preuves.

« Refusant de produire les procès-verbaux et fiches des résultats qu’il prétend détenir, la demande de la requérante non seulement viole l’article 74 de la loi électorale, mais aussi met les quatre juges dans l’impossibilité de procéder à la vérification d’usage préalable au recomptage manuel », a expliqué l’avocat général.

Vers un scénario à la kényane ?

Pour la société civile, la haute instance judiciaire doit faire preuve d’objectivité. « Nous demandons à la Cour constitutionnelle de se montrer pour une fois indépendante dans la gestion de différents recours électoraux, et d’exiger la publication de l’ensemble des procès-verbaux et le recomptage des votes de l’élection présidentielle », peut-on lire dans un communiqué rendu public ce 17 janvier par un groupe d’ONG dont l’Association africaine pour les droits de l’homme (ASADHO), Lutte pour le changement (LUCHA) et Filimbi.

En attendant, les deux principaux acteurs sont appelés à dialoguer. « Nous exhortons les deux principaux leaders de l’opposition à un rapprochement rapide et à un dialogue sincère, pour le bien du peuple pour qui ils disent agir. Et ce, dans l’intérêt suprême de la nation, transcendant les considérations individuelles et partisanes de leurs structures politiques respectives », poursuit la déclaration.

Mais ces ONG se réservent le droit de descendre dans la rue au cas où la cour constitutionnelle fait faux bond. « Nous appelons nos compatriotes à rester vigilants et à se tenir prêts à descendre massivement dans la rue si la Cour constitutionnelle, sous l’influence du régime de Monsieur Kabila, s’avisait de valider les résultats non-conformes à la vérité des urnes », menacent ces ONG.

Or, en RDC comme dans plusieurs pays africains, on ne sait pas contenir les manifestations sans faire couler le sang. Comme en témoignent les quelque 15 morts enregistrés dans des villes de RDC comme Kikwit (bastion de Fayulu) lors de la répression des marches contre les résultats de la présidentielle publiés par la CENI dans la nuit du 9 au 10 janvier dernier.

Les très attendus conseils des pays voisins

L’autre danger, ce sont les propos quasiment tribalistes de certains acteurs politiques. « Les gens pensent que c’est une affaire des balubas (ethnie du Kasaï, fief de Tshisekedi). Mais, qu’ils n’oublient pas que nous les Bakongo (ethnie majoritaire au sud-ouest de RDC) sommes majoritaires ici à Kinshasa », menace dans la vidéo ci-dessous, Daniel Nsafu, un député de l’Alliance des des mouvements du Kongo (AMK), un parti membre de Lamuka.

Il y a deux mois, le désormais député national AMK, #DanielSafu tenait déjà ce discours genocidaire, séparatiste et ethniste.
Ce gars doit être poursuivi pour incitation au genocide et discours séparatiste.
Lamuka veut plonger le notre Pays dans la violence ethnique. STOP ? pic.twitter.com/nUVfkosi7i

— Reddy Monunu (@RMonunu) 17 janvier 2019

Et Daniel sait de quoi il parle. Selon des sociologues et ethnologues, les bakongos ne se trouvent pas seulement au Kongo-central, mais aussi dans la province du Kwilu (est de Kinshasa), fief de Martin Fayulu. Un jeu d’alliances politico-ethno-provinciales fort dangereux qui pourrait s‘étendre dans tout le pays. Et partant aggraver les violences interethniques comme celles enregistrées ces derniers mois entre les Banono et les Batende au nord-ouest.

De là à redouter un scénario semblable à celui du Kenya où plus de 1000 personnes périrent en 2007 dans les violences post-électorales. La RDC est visiblement au bord d’une situation explosive. À moins que les voisins en réunion à Addis-Abeba sous l’impulsion du président en exercice de l’UA, Paul Kagame, trouvent des formules idoines pour étouffer les éventuelles ardeurs bellicistes des acteurs politiques congolais.

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