Rwanda
Elle respire de nouveau l’air frais de la liberté. Elle, c’est Victoire Ingabire Umuhoza, l’une des principales figures de l’opposition rwandaise, sortie de prison samedi dans le cadre de la libération anticipée de plus de 2.000 prisonniers décidée la veille par le président Paul Kagame.
Publié le 14 septembre 2018 *** Mis à jour le 15 septembre à 10h51
“Je remercie le président qui a permis cette libération”, a-t-elle dit alors qu’elle quittait la prison de Mageragera dans la capitale rwandaise, Kigali. “J’espère que cela marque le début de l’ouverture de l’espace politique au Rwanda”, a-t-elle ajouté, appelant M. Kagame à “libérer d’autres prisonniers politiques”.
Vendredi, un Conseil des ministres présidé par le président Paul Kagame a approuvé la libération anticipée de 2 140 condamnés déclarés éligibles en vertu des dispositions légales pertinentes. Pour le gouvernement rwandais, la décision procède d’une prérogative dévolue au chef de l‘État par la Constitution. « L’article 109 de la Constitution du Rwanda dispose que le président de la République a le pouvoir d’exercer le droit de grâce, conformément aux procédures prévues par la loi et après consultation de la Cour suprême », pouvait-on lire dans le compte-rendu du Conseil des ministres.
Parmi les 2140 détenus qui bénéficient de la grâce présidentielle, figure en bonne place, Victoire Ingabire Umuhoza. Une diplômée en droit commercial qui a connu une fulgurante ascension politique à partir de 2006 lorsqu’elle devient présidente des Forces Démocratiques Unifiés (FDU-Inkingi), une formation politique née de la fusion des trois partis à savoir l’Alliance démocratique rwandaise (ADR-Isangano), les Forces de résistance pour la démocratie (FRD) et le RDR.
Et Diane Rwigara ?
Mais, à la présidentielle de 2010, le régime de Kigali affirme méconnaître sa formation. Ses multiples plaidoyers en faveur des poursuites contre des membres du Front patriotique rwandais (FPR) lors du génocide de 1994 vont selon des observateurs, lui valoir une arrestation en octobre 2010.
À l’issue d’une série de procès, Ingabiré est condamnée à 15 ans de prison ferme pour entre autres, « conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre, minimisation du génocide de 1994 et propagation de rumeurs dans l’intention d’inciter le public à la violence ».
Musicien critique à l‘égard du gouvernement, son compatriote Kizito Mihigo a lui aussi bénéficié de la grâce présidentielle. Il avait été condamné en 2015 pour « conspiration contre le gouvernement ».
La faute à la chanson publiée sur Youtube intitulée “Igisobanuro cy’Urupfu” (la signification de la mort en Kinyarwanda). Comme Ingabire, l’homme de 37 ans exige justice et compassion à l’endroit aussi bien des victimes du génocide mais aussi des personnes qui furent victimes de la vengeance exercée par le FPR lors de sa victoire sur le régime de feu Juvénal Habyarimana
Cette grâce accordée à Victoire Ingabire et Kizito Mihigo, intervient au moment où une autre femme politique Diane Rwigara croupit en prison depuis août 2017 « faux et usage de faux », pour avoir formé et dirigé illégalement une organisation et pour « déstabilisation » du pouvoir.
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