Comores
Un des vice-présidents des Comores a échappé dans la nuit de samedi à dimanche, à une attaque à l’arme automatique qui a visé son véhicule sur l‘île d’Anjouan. Les auteurs ne sont pas encore identifiés. Un mauvais signe à quelque huit jours du référendum constitutionnel très contesté.
Un voyage chez les siens qui se serait transformé en un retour vers les ancêtres pour Abdou Moustoidrane. Originaire d’Anjouan, l’un des vice-présidents des Comores se rendait dans son village natal de Sima, à la pointe ouest de l‘île ce samedi 21 juillet.
Et soudain,…. « Sa voiture a essuyé plusieurs rafales d’arme automatique à une dizaine de kilomètres de Mutsamudu, la capitale anjouanaise », d’après une source sécuritaire qui a requis l’anonymat. Mais, plus de peur que de mal. Bien que sa voiture soit sérieusement endommagée, « Abdou Moustoidrane est indemne et il n’y a pas de victime », a rassuré la source.
Que reproche-t-on à Moustoidrane ?
Les auteurs de l’attaque roulaient à moto et ont pris la fuite, a ajouté la même source. Des enquêteurs ont été dépêchés de Moroni tôt dimanche matin à Mutsamudu pour mener des investigations et partant débusquer le ou les auteurs.
Mais, en attendant de mettre la main sur eux, qu’adviendrait-il si les assaillants avaient atteint leur cible ? Difficile de donner une réponse exacte. L’attentat contre le vice-président en charge des portefeuilles de la Production et de l‘Énergie dans le gouvernement du président Azali Assoumani pourrait toutefois être lié au climat très tendu dans lequel se tiendra le référendum du 30 juillet.
En effet, initié par Azali Assoumani qui entend se positionner lors de la présidentielle anticipée de 2019 (l’actuel calendrier fixe l‘élection à 2021), le texte constitutionnel renforce les pouvoirs du chef de l‘État et, surtout, l’autorise à effectuer deux mandats de cinq ans successifs, alors que l’actuelle loi fondamentale de l’archipel n’en permet qu’un seul.
Ce qui est à la base de nombreuses critiques de la part de ses détracteurs qui dénoncent « une dérive autoritaire » d’Assoumani, un ncien putschiste qui a été élu en 2016 à la présidence de l’archipel.
Comme un mauvais signe ?
En juin dernier, Abdou Moustoidrane avait vivement critiqué son collègue Djaffar Said Hassane, vice-président de l‘île de Moheli qui avait dénoncé les réformes constitutionnelles entreprises par Assoumani.
Les Comores ont été agitées par des crises séparatistes et coups d‘État jusqu‘à l’adoption en 2001 d’une nouvelle Constitution et du système de la présidence tournante, tous les cinq ans, entre les trois îles (Grande-Comore, Mohéli, Anjouan) qui forment l’archipel. La réforme prévoit également la suppression des trois postes de vice-présidents et de la Cour constitutionnelle.
Comme un peu partout en Afrique où des réformes constitutionnelles ont été récemment menées dans le dessein unique de permettre à des dirigeants de s‘éterniser au pouvoir, ce référendum constitutionnel comorien risque d’aggraver la crise (et même provoquer des violences) avant, pendant, et même après sa tenue.
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