République démocratique du Congo
Deux journalistes congolais ont été obligés de fuir leur ville après la diffusion de leur documentaire sur des victimes d’expropriation d’un terrain revendiqué par le président Kabila, a accusé mercredi l’ONG Reporters sans frontières, qui demande aux autorités de garantir leur protection.
Le réalisateur Gaël Mpoyo, correspondant d’Africanews et le monteur Franck Zongwe Lukawa du film “Mbobero : la raison du plus fort est toujours la meilleure” ont dû fuir la ville de Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo, le 7 juillet, après la diffusion de ce documentaire.
La veille, “les deux journalistes, se sentant déjà menacés, avaient préféré ne pas assister à la première” de leur documentaire, affirme RSF. Ces menaces se sont poursuivies par la suite.
Cette enquête de 27 minutes rassemble les témoignages de plusieurs habitants chassés de leurs villages sur un terrain revendiqué par le président Joseph Kabila, explique RSF.
Après la diffusion du film, Gaël Mpoyo a reçu un appel téléphonique du gouverneur de la province du Sud-Kivu, Jean-Claude Nyamugabo, lui demandant avec insistance de “ne pas s’exposer en se hasardant de diffuser ce film-documentaire qui, selon son entendement, énervera davantage le président de la République”, note un communiqué du Journaliste en danger (JED), une organisation partenaire de RSF en RDC.
Un documentaire qui dévoile une réalité choquante
Le documentaire commandé par l’ONG Nouvelle dynamique de la société civile en RDC (NDSCI) fait également intervenir des avocats qui contestent la politique de “déguerpissement” (expulsions) menée par les forces de sécurité. D’après l’enquête, plus de 2.500 personnes ont été délogées, 317 maisons ont été détruites et un hôpital a été rasé depuis 2016, rapporte RSF.
MM. Mpoyo et Zongwe travaillaient, entre autres, pour Vision Shala télévision, une chaîne locale appartenant à un homme politique de la majorité au pouvoir.
“En plus des deux journalistes, au moins trois autres personnes ayant participé au documentaire ont dû quitter leur domicile par mesure de précaution”, selon RSF.
Des disparitions quasiment mystérieuses
À Bukavu, l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) a appelé mardi le gouverneur Nyamugabo à s’impliquer personnellement pour “sécuriser” ces journalistes et leurs proches. M. Nyamugabo n’a pu être joint par l’AFP. La RDC occupe la 154e place dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.
Et ce n’est pas tout….En RDC, des activistes ont déjà disparu dans des conditions restées jusqu’ici ténébreuses. Le cas du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana morts en juin 2010. Principal accusé, le général John Numbi qui a été récemment nommé au poste d’inspecteur général des Forces armées congolaises par le président de la République.
>>> LIRE AUSSI : RDC : un décès qui pourrait encore faire débat
Le climat politique est tendu en RDC, à l’approche d‘échéances explosives, en perspectives des élections prévues le 23 décembre 2018 qui doivent élire le successeur de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001. Selon les dernières nouvelles, le Chef de l‘État congolais est en train de prononcer un discours au Parlement réuni en congrès. D’après des observateurs, Kabila entend aborder plusieurs points saillants de l’actualité dont celui de sa succession très attendu.
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