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Rwanda : une laiterie tenue par des sourds-muets

Rwanda : une laiterie tenue par des sourds-muets

Rwanda

Dans une laiterie de Kigali, capitale du Rwanda, 60 % des travailleurs sont des sourds-muets. Une manière pour le manager de participer à l’intégration socio-économique de ces personnes souvent marginalisées dans le monde du travail en dépit de leurs aptitudes.

Nyarutarama, Gaculiro, Nyamirambo, Nyabugogo, …. Dans tous les quartiers ou presque de Kigali, tout le monde connaît Masaka Creamery Limited. Non seulement pour la bonne saveur de ses yaourts et autres produits laitiers, mais aussi et surtout parce que 17 des 28 employés de l’entreprise sont des sourds-muets.

De la guérite à la salle de conditionnement, en passant par le bureau du directeur général, la plupart des opérations ou instructions s’exécutent dans le langage des signes.

Pour les visiteurs, tout commence au secrétariat où le jeune Parfait Rwaka reçoit tout le monde : journalistes, distributeurs, agents des impôts, etc. Il prend un morceau de papier et écrit : « D’où venez-vous ?». Le visiteur se présente avant d‘être introduit auprès de Jon Porter, le directeur général de Masaka Creamery.

Un Américain qui dit avoir acheté l’usine en 2016 alors qu’elle était au bord de la faillite. Il a ainsi débaptisé la structure qui s’appelait autrefois Masaka Farms.

Mais, en rachetant Massaka Farms, Poter dit avoir été interpellé par la situation des déficients auditifs. Si les statistiques ne sont pas disponibles jusqu’ici, au Rwanda comme partout en Afrique, les sourds-muets éprouvent beaucoup de peine à décrocher un travail nonobstant leurs aptitudes professionnelles avérées.

Dans sa politique de recrutement, il a pensé avant tout à cette couche sociale souvent mise à l’index dans le monde du travail. « Quand nous avons commencé, nous avons décidé intentionnellement d’embaucher notre personnel au sein de la communauté sourde au Rwanda », explique Poter.

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Une politique née d’une histoire triste d’une Rwandaise sourde-muette victime pendant plus de 30 ans des abus de toutes sortes à cause de son état. « J’ai lu cette histoire dans un journal. Voilà qui m’a brisé le cœur. Il fallait donc faire quelque chose pour nos frères déficients auditifs”, ajoute-t-il.

« Un bon travail, un bon salaire »

« Quand nous avons vu cela, nous avons commencé à aider la mère à nous occuper de son enfant et plus tard à lui trouver un travail, car c’est ce dont elle avait besoin par-dessus tout. Elle ne savait ni lire ni écrire et n’avait aucune capacité de communication », poursuit Poter.

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Et près de deux ans après avoir intégré Masaka Creamery Limited, ces personnes vivant avec handicap auditif disent tirer leur épingle du jeu. À l’image de Jacqueline Umuhoza 22 ans, qui travaille dans l’usine depuis six mois. Auparavant, cette originaire de Ruyenzi au sud avait du mal à joindre les deux bouts, car la coiffure, explique-t-elle ne paie pas autant que son nouvel emploi.

« J’aime ce travail. Le salaire est bon et le travail aussi est bon parce que je peux travailler avec d’autres personnes comme moi. Cela m’aide à soutenir ma famille, mes parents, mes deux frères et sœurs qui vivent à Ruyenzi. Je leur envoie parfois de l’argent », se félicite Umuhoza.

Mais, le problème de l’intégration socioéconomique des personnes vivant avec handicap semble encore entier. Si bien que Poter a résolu de travailler avec le Conseil national pour des personnes handicapées pour trouver plus de moyens de soutenir la communauté sourde au Rwanda.

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