Mauritanie
Ils comparaissent depuis lundi dans un tribunal de Zouerate (nord) pour participation à une manifestation violente contre l‘évacuation forcée d’un bidonville, a-t-on appris de source judiciaire.
La Cour d’appel de Zouerate juge depuis lundi treize militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, ONG anti-esclavagiste) et sept habitants du bidonville de Ksar, dans le centre de Nouakchott, dont le déplacement forcé par les autorités, le 29 juin, avait provoqué des heurts entre des manifestants et la police.
Alors que les condamnations prononcées en août par un tribunal de la capitale s‘échelonnaient de trois à 15 ans de prison, “le procureur a requis 20 ans de prison ferme contre l’ensemble du groupe”, a appris l’AFP de source judiciaire locale.
Il a soutenu que tous avaient “directement pris part aux événements”, les accusant de “rébellion contre la force publique et de vandalisme”, a précisé la même source.
Aussitôt le réquisitoire terminé, la défense a entamé ses plaidoiries.
Dans la matinée, la Cour a entendu les derniers prévenus, qui ont tous plaidé non coupables et accusé la police de “sévices et tortures graves” contre eux durant leur détention préventive, selon la même source.
“Je suis un planificateur du développement et non un planificateur de la destruction. Je ne détruis pas”, s’est insurgé notamment le vice-président de l’IRA, Balla Touré, insistant sur le caractère “pacifique” de son mouvement, selon la presse locale.
En première instance, les prévenus avaient affirmé avoir subi des tortures en détention, ce que le parquet a démenti.
Une plainte contre X a été déposée lundi au tribunal de grande instance de Paris pour “tortures et traitements cruels” par les avocats français de l’IRA.
Aucune date n’a été donnée pour la fin du procès qui doit s’achever d’ici la semaine prochaine, selon une source judiciaire proche du dossier.
L’esclavage a officiellement été aboli en 1981 en Mauritanie, mais certaines pratiques d’asservissement perdurent, une situation dénoncée avec véhémence par l’IRA.
La situation a néanmoins évolué récemment, avec l’adoption en août 2015 d’une nouvelle loi faisant de l’esclavage un “crime contre l’humanité”, réprimé par des peines allant jusqu‘à 20 ans de prison, contre cinq à dix ans auparavant.
AFP
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