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Ouganda : un militant d'ILGA réagit à la loi anti-LGBT

Des militants anti-homosexuels défilent dans les rues de Kampala avec des pancartes, le 11 août 2014.   -  
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ISAAC KASAMANI/AFP

Ouganda

En Ouganda, une loi criminalisant la promotion, le recrutement et le financement des activités liées au groupe LGBT, ou encore la "tentative d'homosexualité", adopté mardi par le parlement accentue la pression sur la communauté LGBT du pays.

Le projet de loi qui criminalise les individus plutôt que les comportements, est une véritable déception pour Robert Amoafo, militant pour ILGA, la branche africaine de l'International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association. 

"Tout d'abord, il est triste et malheureux qu'un tel projet de loi soit adopté dans le contexte actuel, alors qu'il existe de nombreuses informations sur les personnes LGBT, qui constituent un groupe de personnes inoffensives, qui ne sont pas des criminels et qui ne causent de tort à personne. Il s'agit de la deuxième tentative de criminalisation des personnes LGBT. On pourrait se demander ce qui s'est passé entre la première et la deuxième loi," défend l'activiste. 

Le parlement aurait adopté cette loi en réponse aux allégations de sodomie dans un prestigieux internat pour garçons où un parent a accusé un enseignant d'avoir abusé de son fils, mais également pour mettre un terme à l'agenda gay afin de protéger les valeurs familiales traditionnelles ougandaises.

"Je pense qu'il s'agit d'une rhétorique des mouvements anti-LGBT, anti-droits de l'homme et anti-démocratie qui sont tous infondés et faux. Je pense qu'au cours des auditions publiques, le parlement ougandais a probablement été sensibilisé au fait que certaines des questions soulevées ne sont pas fondées et sont le fruit de l'ignorance. Lorsque vous leur demandez : où sont les recherches dont vous parlez ? Où sont les données dont vous parlez ? Ils ne peuvent pas répondre car ces données n'existent pas en ce qui nous concerne," ajoute-t-il. 

De nombreux pays tels que le Ghana, le Sénégal, la mali et le Niger ont laissé entrevoir une volonté de criminaliser les relations entre personnes de même sexe. Robert Amoafo pense que la loi ougandaise sera utilisée comme atout pour tout état souhaitant interdire l’homosexualité.

"Lorsque nous observons cette tendance, il est clair qu'il s'agit là d'un atout pour tout groupe de personnes souhaitant criminaliser dans leur pays. Mais n'oublions pas que nous sommes un continent guidé par la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples. Et la Commission africaine a adopté la résolution 275 qui demande aux gouvernements de protéger les personnes LGBT ou les minorités sexuelles contre la violence. Il est donc inquiétant de constater cette tendance, qui montre clairement que nous devons nous pencher sur cette question. Nous devons veiller à ce que ces incidents ne se répètent pas, à ce qu'ils ne deviennent pas la norme."

La récente décision de l'Église d'Angleterre de bénir les mariages civils de couples de même sexe a également enflammé de nombreuses personnes, dont certaines considèrent que l'homosexualité comme un vice importé de l'étranger.

Le projet de loi doit encore être soumis au président Yoweri Museveni, qui pourra choisir d'opposer son veto ou de le promulguer.

La législation bénéficie d'un large soutien public en Ouganda mais les réactions de la société civile ont été discrètes.

Ces derniers mois, des théories du complot accusant des forces internationales obscures de promouvoir l'homosexualité ont gagné du terrain sur les réseaux sociaux en Ouganda.

En Afrique, 30 des 54 pays condamnent l'homosexualité.

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