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Tunisie : la filière du lait ne parvient plus à suivre l’inflation

Un troupeau de vaches dans une ferme à el-Battan, à 35kms de la capitale, le 20 janvier 2023.   -  
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Tunisie

En Tunisie, l'inflation et les pénuries alimentaires compliquent le quotidien de la population. Le lait fait partie des produits difficiles à trouver dans les rayons des magasins. En effet, la filière ne parvient plus à absorber la consommation d'1,8 million de littres par jour. Selon des chiffres officiels, elle n'atteindrait qu'1,2 million de littres maxium. En conséquence, les magasins rationnent la vente.

Tous les jours, Noura Bchini arpente les magasins de Tunis à la recherche de lait, une denrée essentielle pour cette mère de famille : "Vous ne pouvez pas prendre plus de deux paquets. Quand j'en trouve ici, j'en prends un ou deux, puis je vais dans une autre épicerie pour en acheter d'autres. C'est comme ça que je fais pour ne pas me retrouver sans lait. Je ne peux pas rester sans".

Le "lent effrondrement" de la filière

A 40 kilomètres de la capitale, dans le village d'El-Battan, Mohamed Gharsallaoui a dû se séparer d'une partie de ses vaches afin de nourir ses autres bêtes. L'éleveur peine à payer ses factures et dépenses pour son exploitation d'une vingtaine de bovins. Il explique que les prix des sacs de fourrage ont explosé.

"Pourquoi y a-t-il un manque de lait ? Parce que nous ne donnons pas à la vache la quantité totale de nourriture dont elle a besoin, son alimentation n'est pas complète. Si la vache a ses 50 kg d'herbe, 15 kg de compléments, 15 kg de foin et 5 kg de paille, elle produira 30 litres de lait.", témoigne l'agriculteur d'une soixantaine d'années.

Un travail "à perte"

Depuis l'année dernière, l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) met en garde le gouvernement contre cette situation. Selon elle, de plus en plus d'agriculteurs sont contraints de vendre une partie de leur cheptel et les troupeaux tunisiens se sont ainsi réduits de 30% en 2022.

"Nous avons tiré la sonnette d'alarme il y a plus d'un an lorsque les agriculteurs ont commencé à vendre à perte, explique Anis Kharbeche, porte-parole de l'Utap, Nous avons dit que les prix des aliments pour animaux avaient augmenté. Aujourd'hui, les prix des aliments pour animaux augmentent de 30 à 40 % par an. Cela est lié à la situation internationale et à la guerre en Ukraine en particulier. C'est aussi lié au fait que nous importons 90 à 95 % du soja et du maïs".

Pour le moment, l'Etat a réagi à cette situation en levant les taxes sur l'importation de lait en poudre, au risque de concurrencer la production locale. De plus, certaines déclarations récentes du président Kaïs Saied imputant à des "spéculateurs" non identifiés les problèmes de la filière n'ont pas rassuré les éleveurs.

Pour l'Utap, il faudrait "aider les agriculteurs pour la production d'herbe fraîche", avec une stratégie de retraitement des eaux usées et les soutenir dans l'achat de compléments alimentaires.

D'autres pénuries sporadiques ont affecté la Tunisie ces derniers mois, notamment le café, le sucre ou l'huile. Les acteurs du secteur du lait s'inquiètent surtout pour le mois du Ramadan qui débutera autour du 22 mars, période durant laquelle la consommation de lait augmente.

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