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Tigré : combats dans un camp de réfugiés lors d'une offensive des rebelles

Des soldats du TPLF (le front de libération du peuple tigréen)   -  
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Ben Curtis/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved

Ethiopie

Les forces rebelles menaient mardi une nouvelle offensive dans la région éthiopienne du Tigré (Nord), en proie depuis huit mois à la guerre et où les combats ont touché un camp de réfugiés selon des sources humanitaires.

Le conflit, marqué par des atrocités ainsi que par le spectre grandissant de la famine, a connu fin juin un tournant lorsque les rebelles ont repris le contrôle d'une grande partie de la région, poussant le gouvernement à déclarer un cessez-le-feu.

"Hier, nous avons lancé une offensive dans la région de Raya (sud du Tigré) et nous sommes parvenus à mettre en déroute les divisions des forces de défense fédérales et des forces amhara", a affirmé mardi matin par téléphone à l'AFP Getachew Reda, un porte-parole des rebelles.

"Nous sommes parvenus à sécuriser la majorité du sud du Tigré", a-t-il ajouté, précisant y contrôler notamment la ville d'Alamata. Il a également affirmé que des combats se déroulaient à l'ouest.

Un porte-parole de l'armée fédérale n'était pas joignable dans l'immédiat, et il était impossible de vérifier les affirmations de M. Getachew, les réseaux de communication étant largement coupés dans la région.

Territoires contestés

Le Premier ministre Abiy Ahmed a lancé le 4 novembre une opération militaire dans cette région septentrionale du pays pour chasser et désarmer les autorités locales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Fin novembre, l'armée fédérale, épaulée dans ce conflit par des troupes venues de l'Erythrée voisine et de la région de l'Amhara, a pris la capitale régionale Mekele et le gouvernement a proclamé la victoire. Mais les combats se sont poursuivis.

Fin juin, l'armée s'est retirée face à une avancée des troupes pro-TPLF, qui ont repris Mekele le 28, ainsi qu'une majorité du Tigré les jours suivants.

Dans la foulée, Addis Abeba a déclaré un cessez-le-feu. D'abord qualifié de "blague" par les forces rebelles, nommées Forces de Défense du Tigré (TDF), le principe de ce cessez-le-feu a ensuite été accepté mais sous conditions, dont celle du retour des forces amhara et érythréennes "à leurs territoires d'avant-guerre".

Durant le conflit, les Amhara se sont emparés de territoires du sud et de l'ouest du Tigré qu'ils revendiquent de longue date.

"Nous avons promis de libérer chaque centimètre carré du Tigré", a ajouté M. Getachew.

Le Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU a parallèlement appelé mardi les troupes érythréennes à leur "retrait rapide et vérifiable" du Tigré.

Mardi matin, une source onusienne a fait état de tirs d'artillerie près d'Emba Madre, localité de l'ouest de la région.

Des travailleurs humanitaires ont également affirmé que des combats ont opposé les TDF à des soldats de l'armée éthiopienne et de l'Amhara dans le camp de réfugiés de Mai Aini, à quelques kilomètres d'Emba Madre.

"Il y a eu des combats à l'intérieur du camp", a déclaré une de ces sources, citant des témoins sur place et précisant que les affrontements ont éclaté vers 04H00 et s'étaient calmés à la mi-journée.

Des réfugiés de ce camp et du camp voisin d'Adi Harush, qui abritent des Erythréens ayant fui le régime au pouvoir dans leur pays, ont également commencé à fuir à pied, selon ces sources.

Convoi humanitaire

Cette nouvelle offensive intervient deux jours après l'annonce des résultats des élections parlementaires, où le parti au pouvoir a remporté une écrasante victoire.

Lauréat du prix Nobel de la paix en 2019, M. Abiy souhaitait obtenir l'onction populaire qui lui faisait défaut en cette période délicate.

L'Ethiopie est touchée par des violences ethniques et le conflit au Tigré a fait des milliers de morts et des millions de déplacés, ternissant son image réformatrice.

Selon l'ONU, plus de 400.000 personnes ont "franchi le seuil de la famine" au Tigré mais l'aide humanitaire peine à accéder à la région.

Lundi soir, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé qu'un convoi de 50 camions était arrivé à Mekele.

A Bruxelles, le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a appelé lundi ses membres à considérer l'adoption de sanctions contre le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, affirmant que la situation "n'a jamais été pire" au Tigré.

De leur côté, les Etats-Unis, alliés traditionnels de l'Ethiopie, ont à nouveau affirmé lundi que des "actes de nettoyage ethnique" ont eu lieu au Tigré et appelé toutes les parties à protéger les civils.

"Tout enjeu d'une telle importance nationale, tel celui les frontières, devrait être décidé par le peuple éthiopien dans le cadre d'un dialogue national, pas par le canon des armes", a déclaré le porte-parole du Département d'Etat, Ned Price.

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