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L'Afrique ''a besoin de dictateurs bienveillants'' – Salif Kéita

L'Afrique ''a besoin de dictateurs bienveillants'' – Salif Kéita

Mali

La démocratie ? Une notion éloignée pour les Africains à en croire la star malienne Salif Kéita. Dans une interview avec le média britannique The Guardian, le ‘‘chanteur à la voix d’or’‘ est revenu sur la situation politique dans son pays, mais aussi sur son long combat contre l’albinisme ainsi que ses projets après sa carrière musicale.

Avec son 14e cru, Un autre Blanc, Salif Kéita a décidé de conclure une riche carrière forte d’une cinquantaine d’années. La “voix du Mandingue” a, en effet, annoncé qu’il renonçait à enregistrer de nouveaux albums. ‘‘Des concerts et des tournées peut-être, mais pas de nouvel album’‘, assure l’artiste.

Si Salif Kéita revient à une vie ordinaire, ce n’est en aucun cas pour s’impliquer davantage dans la politique de son pays, meurtri par un conflit né en 2012 avec la rébellion Touareg. Depuis, le nord et centre du pays sont progressivement tombés sous la coupe de groupes islamistes qui profitent des divisions ethniques pour recruter et mener des attaques. Dans sa conception de la politique en Afrique, notamment dans son pays le Mali, la démocratie est à bannir.

‘‘La démocratie n’est pas une bonne chose pour l’Afrique. Nous étions tous heureux de voir la démocratie arriver en Afrique, mais cela a détruit la sensibilité humaine. Pour avoir une démocratie, les gens doivent comprendre la démocratie et comment peut-on comprendre quand 85 % des habitants du pays ne savent ni lire ni écrire ? Ils ont besoin d’un dictateur bienveillant, à l’instar de la Chine ; quelqu’un qui aime son pays et agit pour son pays’‘, a-t-il expliqué au Guardian.

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La fin de sa carrière, Salif Kéita compte plutôt l’utiliser pour ‘‘se reposer’‘, et revenir sur la terre qui l’a vu naître. Dans le village de Djoliba, situé à 23 km au sud de Bamako, la capitale malienne, il effectuera un retour aux sources, là où il a appris à se battre contre les préjugés du fait de son albinisme. ‘‘Il y avait 500 étudiants et j‘étais le seul blanc. Bien sûr, j’ai réalisé que j’étais différent et ils ne m’ont pas laissé l’oublier. J’ai été victime d’intimidation. Physiquement. Ce n‘était pas facile. J’ai vite appris à me défendre”, explique-t-il.

‘‘J‘étais un bon élève. Mon rêve était d’enseigner, mais à cette époque, vous deviez demander au gouvernement de vous trouver un poste. À la fin de mes études, le médecin [de l’école de formation] m’a dit que je ne pouvais pas être enseignant, car je ferais peur aux enfants. Ils ont également dit que c‘était à cause de mes yeux… mais j’avais des lunettes spéciales et je voyais très bien’‘.

Devenu célèbre, Salif Kéita a su surmonter ces préjugés, notamment en raison de son succès. ‘‘Il est vrai que les personnes différentes sont mal traitées dans le monde entier. C’est différent pour moi maintenant – les gens remarquent à peine que je suis un albinos. Si vous êtes célèbre, vous passez inaperçu. Mais ce travail est un devoir, un devoir de rendre quelque chose en retour. Si je suis populaire, je dois servir les autres et c’est ce que fais’‘.

Avec ses deux fondations – l’une basée au Mali et l’autre aux Etats-Unis – le rossignol africain espère davantage éradiquer les fausses croyances autour de l’albinisme selon lesquelles les organes des personnes albinos auraient des pouvoirs surnaturels. Il lutte également contre les cancers de la peau en offrant des crèmes solaires et des lunettes aux albinos. ‘‘Ce que je dis, c’est que la couleur de votre peau n’est pas un handicap… et que ce n’est pas très important non plus’‘, a-t-il conclu sur la question.

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