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Qui sont les Qeerroo, ces jeunes qui troublent le sommeil du gouvernement éthiopien ?

Qui sont les Qeerroo, ces jeunes qui troublent le sommeil du gouvernement éthiopien ?

Ethiopie

Ils sont en première ligne dans la révolution que connaît l’Ethiopie ces derniers mois. Eux, ce sont les Qeerroo, bêtes noires du régime éthiopien, sur lesquelles le Guardian a levé un pan de voile.

Le 12 février, la région de l’Oromia était en ébullition. Comme un seul homme, cette région majoritaire en Ethiopie, s’est levée dans le cadre d’une grève générale de trois jours pour exiger la libération des prisonniers politiques et la fin d’un régime autoritaire.

Adama, ville généralement paisible n’a pas hésité à rejoindre ce mouvement qui a atteint un pic mémorable le 13 février avec la libération de Bekele Gerba, éminent politicien oromo qui vit dans la ville, et, dans les 48 heures, la soudaine démission du Premier ministre, Hailemariam Desalegn. Deux jours après, soit le 15 février, le gouvernement décrétait un nouvel état d’urgence, le deuxième en autant d’années.

Comment Adama, à environ 90 km au sud-est de la capitale Addis-Abeba est-elle devenue en quelques jours, un antre de la révolution Oromo ? Pour beaucoup, ce sursaut a un nom : les Qeerroo.

Dans les rues d’Adama, ils sont considérés comme le porte-voix de la souffrance du peuple Oromo. Jeunes célibataires débordant d‘énergie, les Qeerroo disent faire de la “défense du peuple” leur leitmotiv.

Retour sur le devant de la scène

Pourtant, dans la pure tradition oromo, le terme désigne un jeune célibataire. Mais aujourd’hui, il a des connotations plus larges, symbolisant à la fois le mouvement oromo – une lutte pour davantage de liberté politique et pour une plus grande représentation ethnique dans les structures fédérales – et toute une génération de jeunes éthiopiens qui s’affirment.

Il y a plus d’une décennie déjà, ils avaient inscrit leur nom dans le marbre lors d’une manifestation contre les résultats des élections au sein du Front démocratique révolutionnaire populaire éthiopien (EPRDF).

Mais leur retour sur le devant de la scène inquiète les autorités éthiopiennes. Surtout que depuis la levée du premier état d’urgence en août dernier, les réseaux Qeerroo ont été à l’origine de multiples grèves et manifestations dans différentes régions d’Oromia, malgré des obstacles tels que la coupure totale de l’Internet mobile, fin 2017.

En début d’année, la police a annoncé son intention d’enquêter sur le mouvement Qeerroo et de sévir contre celui-ci, affirmant qu’il s’agissait d’un groupe clandestin cherchant à déstabiliser le pays et à prendre le contrôle des bureaux du gouvernement local.

Risque d’inflation de la violence ethnique

Ils troublent davantage le gouvernement que leur mode d’organisation reste à ce jour incontrôlable. Selon deux membres du groupe dans l’Adama interrogés par le Guardian, chaque quartier de la ville a un chef Qeerroo avec au moins 20 subordonnés, tous responsables de la mobilisation. Ces derniers mois, ils affirment que le réseau s’est davantage organisé avec une chaîne de commandement hiérarchique et même un seul leader pour toute la région d’Oromia.

L’apport de la diaspora, en particulier aux Etats-Unis, est également déterminant en raison de la coupure internet en Ethiopie, soutiennent-ils. “Avec les médias sociaux, vous pouvez diffuser le message en quelques secondes”, explique l’un des militants. “Maintenant, cela peut prendre deux semaines, de porte à porte”.

Plutôt que d’utiliser WhatsApp et Facebook, ils distribuent désormais des dépliants papiers, en particulier sur les campus universitaires.

Toutefois, certains membres du gouvernement et d’autres Éthiopiens qui regardent la crise de loin, craignent que la mobilisation des Qeerroo débouche sur des violences ethniques dans laquelle les Tigréens (6 % de la population) pourraient payer un lourd tribut. Ils sont, en effet, accusés d’avoir la main mise sur la politique et les affaires du pays.

Depuis fin 2017, des violences ethniques ont effet éclaté dans le pays, notamment dans les campus universitaires. Mais beaucoup d’observateurs estiment que les tensions pourraient retomber si le nouveau Premier ministre que doit élire dans les prochains jours la coalition au pouvoir provenait de l’aile Oromo.

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