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Centrafrique : Paoua prise d'assaut par des milliers de déplacés

Centrafrique : Paoua prise d'assaut par des milliers de déplacés

Les affrontements entre groupes armés continuent de faire pleuvoir leurs lots de violences dans le nord-ouest de la Centrafrique. Cela, depuis la fin du mois de décembre dernier. Ce déferlement de violences prend ses quartiers autour de la ville de Paoua, située non loin de la frontière avec le Tchad. Les chiffres des personnes déplacées par ces combats fratricides donnent le tournis.

Selon l’Ocha (Bureau de la coordination des affaires humanitaires), un département du Secrétariat des Nations unies, 5.000 personnes sont arrivées au Tchad, fuyant le déluge de feu provoqué par ces combats entre bandes rivales. Le même département avance aussi le chiffre de 58.000 déplacés ayant débarqué à Paoua.

Martin Ziguélé, député et ex-Premier ministre, natif de Paoua, lance un cri désespéré en direction de la Minusca (la mission de l’ONU en RCA) afin qu’elle intervienne dans sa ville. Pour rappel, la Minusca était intervenue en octobre dernier à Bocaranga, frappée par de violents affrontements.

« Nous voulons que la Minusca intervienne, comme cela a été fait à Bocaranga. La Minusca a mis en garde les troupes de Sidiki, qui avaient occupé Bocaranga. Et ces troupes-là n’ont pas voulu quitter Bocaranga et la Minusca a réagi immédiatement et fermement. C’est exactement la même chose, la même réaction, la même réactivité, la même fermeté que nous attendons de la Minusca. », exige le député.

L’ancien Premier ministre s’insurge face à ce qu’il qualifie de manque d’action de la part de la mission onusienne. Il poursuit, affirmant que « vendredi dernier, il y a eu une mission conjointe de la Minusca et du ministre de la Défense et de la sécurité à Paoua, mais il n’en demeure pas moins qu’il n’y a pas d’action sur le terrain. Donc les groupes armés, monsieur Bahar qui fait venir des renforts de partout, assassinent. »

En effet, ces tristement célèbres groupes armés s’adonnent à diverses sortes des crimes sur le terrain. La guerre civile qui frappe la RCA (Centrafrique) a une connotation religieuse, opposant principalement les chrétiens (anti-balaka) aux musulmans (ex-Seleka). Mais, aux dires de monsieur Ziguélé, la ville de Paoua n’est pas touchée par ces déraillements interreligieux.

Martin Ziguélé : « et je dois vous dire que Paoua est la seule ville du nord où toutes les communautés vivent paisiblement. Vous avez des chrétiens, des musulmans et ils vivent là parce qu’ils ont décidé de vivre ensemble. Aucune force extérieure ne les a obligés à être ensemble. Et c’est cette image-là qui est en train d’être détruite par des aventuriers, des assoiffés de sang, des criminels qui n’ont rien à faire dans cette région-là. »

Le MNLC du seigneur de guerre Ahmat Bahar et le RJ (Révolution Justice) se mesurent à coups d’armes automatiques et autres armes de guerre, au grand dam des populations, obligées de fuir les atrocités.

Le Tchad voisin, terre d’accueil des réfugiés Centrafricains

Aux dires d’Innocent Mal Ganga, responsable de l’Agence de développement économique et sociale (une ONG présente à la frontière RCA-Tchad), la majorité des réfugiés ayant fui la RCA pour le Tchad voisin est constituée de femmes et d’enfants.

« Nous avons remarqué qu’ils ont marché longtemps en brousse, donc ils sont malades. » , dit-il, ajoutant que « la population autochtone a été, vraiment très, très accueillante. Alors qu’elle vit déjà dans des conditions difficiles. Si on ne prend pas garde à donner une assistance rapide, il se peut qu’il se crée de conflits. Mais pour le moment, il n’y a pas encore de conflits, Dieu merci. »

Qu’en est-il de leur sort à court ou à moyen terme au Tchad ? A cette question, monsieur Ganga répond que « ces personnes (les réfugiés Centrafricains) sont directement intégrées dans les villages. Et l’approche qui sera adoptée, c’est de garder ces personnes dans les villages, où ils ont des espaces agricoles pour pouvoir travailler. Pour le moment, la situation est encore gérable ».

La situation a viré au cauchemar en Centrafrique en 2013, lorsque les anciens rebelles Seleka, un groupe armé majoritairement musulman, renversaient le président François Bozié.

La chute à son tour du régime Seleka, dirigé par Michel Djotodia, a donné libre cours à une guerre interreligieuse aux relents de vengeance des chrétiens à l’encontre des musulmans, accusés par les premiers cités d’avoir commis des exactions contre les chrétiens.

Aujourd’hui, ce sont les groupes armés qui profitent de cette situation de chaos généralisé et le déploiement de la Minusca ne semble pas apporter de solution réelle pour un retour à la paix dans ce pays meurtri.