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Le Kenya s'enfonce dans la crise après une présidentielle tronquée

Le Kenya s'enfonce dans la crise après une présidentielle tronquée

Kenya

Une situation confuse et tendue régnait samedi au Kenya, où le sortant Uhuru Kenyatta était largement en tête de l‘élection présidentielle de jeudi, boycottée par l’opposition et marquée par des violences meurtrières.

Dans les bastions de l’opposition kényane – bidonvilles de la capitale Nairobi et ouest du pays -, des violences ont encore éclaté vendredi soir. Elles ont fait au moins neuf morts depuis jeudi, selon un nouveau bilan.

Vendredi soir, un jeune homme a été tué par balle par la police à Homa Bay (ouest) après l’attaque par un groupe de jeunes de la résidence d’un responsable de la campagne d’Uhuru Kenyatta, a rapporté à l’AFP un responsable policier.

Ce nouveau décès porte à au moins 49 le nombre de personnes mortes depuis l‘élection invalidée du 8 août, tuées pour la plupart dans la répression brutale des manifestations par la police.

Dans le bidonville de Kawangware à Nairobi, des heurts violents entre communautés – notamment entre l’ethnie kikuyu d’Uhuru Kenyatta, majoritaire dans le pays, et des partisans de la coalition d’opposition Nasa (Luo, Luhya, Kisii) – ont éclaté et des échoppes de commerçants kikuyu ont été incendiées.

Ces incidents ravivent le douloureux souvenir des violences politico-ethniques qui avaient accompagné la présidentielle de fin 2007 (1.100 morts, 600.000 déplacés).

“Nous l’avons vu par le passé, ces incidents sporadiques violents peuvent se transformer en confrontation aux conséquences tragiques. Si aucune mesure n’est prise rapidement, il est probable qu’on se dirige vers cette situation”, s’alarmait samedi The Daily Nation dans un éditorial.

Scrutin reporté dans l’ouest

Face aux tensions de vendredi, la Commission électorale a décidé de reporter une nouvelle fois le scrutin dans l’ouest du pays, qui aurait dû s’y tenir samedi, refusant de mettre en danger le personnel électoral.

Dans quatre comtés de l’ouest (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya), sur les 47 que compte le pays, la présidentielle de jeudi n’avait pas pu être organisée à cause d’une situation chaotique.

Samedi, le chef de la Commission électorale Wafula Chebukati a annoncé qu’une décision sur la tenue de ce vote serait prise rapidement. “Nous informerons le pays demain (dimanche) sur la marche à suivre dans ces 25 circonscriptions” sur les 290 que compte le pays, a-t-il déclaré à la presse.

Interrogé pour savoir si le résultat de la présidentielle serait annoncé sans que le vote soit organisé dans l’ouest, l’un des membres de la Commission, Abdi Guliye, a déclaré à la presse que “la réponse à cette question viendrait en temps voulu”. “Nous avons encore quelques jours avant de prendre cette décision”.

Ces mois de crise électorale ont mis en relief les frustrations et le sentiment de marginalisation d’une partie de la société kényane, notamment l’ethnie luo du leader de l’opposition Raila Odinga. Depuis l’indépendance du Kenya, en 1963, trois présidents sur quatre ont été kikuyu, ethnie qui domine également l‘économie du pays.

Le scrutin de jeudi avait été organisé après un coup de théâtre, inédit en Afrique: l’annulation le 1er septembre par la justice de l‘élection du 8 août, à l’issue de laquelle M. Kenyatta avait été proclamé vainqueur face à M. Odinga.

La Cour suprême avait justifié cette décision par des irrégularités dans la transmission des résultats, faisant peser la responsabilité de ce scrutin “ni transparent, ni vérifiable” sur la Commission électorale.

Appel à la ‘désobéissance civile’

M. Odinga, 72 ans et trois fois candidat malheureux à la présidence (1997, 2007, 2013), avait fait pression pour obtenir une réforme de cette Commission, mais l’opposition a jugé insuffisants les changements récemment mis en œuvre.

Samedi, les opérations de compilation des résultats de la présidentielle se poursuivaient. Selon des résultats non officiels publiés par un des principaux quotidiens du pays, The Nation, M. Kenyatta obtiendrait plus de 90% des voix, devant Raila Odinga qui en obtiendrait moins d’un pour cent.

M. Odinga avait appelé ses partisans à boycotter ce qu’il qualifie de “mascarade” électorale, estimant que les conditions n‘étaient absolument pas réunies pour la tenue d’un scrutin transparent. Mais des bulletins à son nom étaient disponibles dans les bureaux de vote.

Le manque d’engouement pour cette présidentielle, même au sein de l‘électorat traditionnel de M. Kenyatta, et le boycottage de l’opposition animent également les débats dans la presse sur la validité de l‘élection, susceptible d‘être contestée devant la Cour suprême.

M. Odinga a de son côté réitéré vendredi son appel à une campagne de désobéissance civile, afin, a-t-il dit, de contraindre le pouvoir en place à accepter l’organisation d’une nouvelle élection dans les 90 jours.

AFP

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