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Au Zimbabwe, la déchéance des veuves spoliées par leur belle-famille

Au Zimbabwe, la déchéance des veuves spoliées par leur belle-famille

Zimbabwe

Le sort réservé aux veuves zimbabwéennes reflète bien souvent une pratique répandue presque partout en Afrique. Après avoir perdu leur époux, beaucoup de femmes sont victimes d’abus et de spoliation.

Trois ans déjà que son mari est mort et Maliyaziwa Malunga n’a toujours pas fait son deuil. Elle doit mener bataille contre sa belle-famille qui veut l’expulser de sa maison, une pratique qui touche chaque année des milliers de femmes au Zimbabwe.

Lorsque Maliyaziwa s’est retrouvée veuve en 2013, la famille du défunt l’a séquestrée, lui a extorqué 4.000 dollars et volé les titres de propriété de son logement de Chitungwiza, au sud de la capitale Harare.
“Je me suis barricadée de peur qu’ils reviennent pour me harceler. J’en ai perdu le sommeil, je fais de l’hypertension et j’ai beaucoup maigri”, explique à l’AFP cette femme de 53 ans, qui poursuit aujourd’hui sa belle-famille devant les tribunaux.

Dans son rapport intitulé “Tu n’auras rien: violations de propriété et droit de succession pour les veuves au Zimbabwe” l’ONG Human Rights Watch révèle que les veuves, régulièrement expulsées de leurs logements par la famille de feu leur mari, n’obtiennent que très rarement réparation devant la justice.

Officiellement, la constitution zimbabwéenne protège explicitement les droits des femmes mariées ou veuves. Mais dans un pays où les mariages sont souvent conclus sous le régime du droit coutumier, la loi est difficile à faire appliquer.

“Dans la pratique, les lois s’appliquent uniquement aux femmes dont le mariage est officiellement enregistré”, explique l’ONG.
“Je conseille aux femmes mariées d’aller devant la justice et de demander un certificat de mariage pour ne pas avoir les mêmes problèmes que moi”, recommande Maliyaziwa Malunga.

Mais dans ce domaine, la loi se heurte très souvent aux traditions. Au Zimbabwe, l’arbitrage entre les traditions et le droit lors d’un héritage demeure très incertain. Traditionnellement, les biens du défunt sont partagés entre ses proches, maison, terres et même vêtements inclus.

“Mon beau-frère a pris tous mes champs et a même labouré mon jardin jusque devant le pas de ma porte”, raconte ainsi Deborah, une veuve de 58 ans de la province du Mashonaland Oriental (est) citée par Human Rights Watch.

Bethel, 41 ans, a connu une expérience similaire. “Avant même que mon époux ne soit enterré, mon beau-frère a commencé à s’organiser. Il a essayé de récupérer la pension de mon mari, il a pris ma voiture. J’ai été d’autant plus surprise que nous étions une famille soudée”, assure-t-elle.

Par ailleurs les veuves sont souvent soumises à des rites de veuvage parfois étonnants. Certaines sont même accusés d’avoir causé la mort de leur mari. Un traitement qui montre les différence de traitement entre les veuves et les veufs. L’expérience de veuvage est vécue différemment par les hommes qui ne sont pas soumis à de telles exigences ou accusations.

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