Le Nigeria rêvé de Muhammadu Buhari

Le président nigérian a presque supplié ses concitoyens de changer d’attitude pour faire du Nigeria un pays nouveau où la corruption et la défiance aux lois seront des souvenirs lointains.

La campagne au slogan “le changement commence avec moi” imprime bien la volonté de Muhammadu Buhari de faire du Nigeria un pays meilleur. Une série de petits films promotionnels dans lesquels se succèdent des Nigérians pour inciter au changement de comportement devraient impulser cette ambition du président nigérian.

Car, l’image actuelle du Nigeria est bien loin de celle dont rêve le dirigeant de ce grand pays d’Afrique de l’Ouest. Dans le Nigeria idéal, Buhari s’imagine des citoyens respectueux des lois. Des couturiers qui n’achèteront que des tissus “made in Nigeria”, les groupes armés du Delta qui déposeront les armes, les détritus qui seront jetés dans la poubelle et non dans la rue, et les employés qui arriveront à l’heure au bureau. Ou encore des Nigérians qui arrêteront d’arnarquer sur le web.

Le plan de communication définie comme une “campagne de réorientation” par le président nigérian et censé faire de ce rêve une réalité, a été dévoilé ce jeudi à la villa présidentielle d’Abuja en présence de hauts dignitaires du pays.

Comme un air de déjà vu

A travers un tel programme, Muhammadu Buhari reste bien fidèle à sa réputation de dirigeant sévère. D’ailleurs, ses premières années à la tête du Nigeria dans les années 90 portent bien la marque de ce trait de caractère. A l‘époque de ce régime militaire, l’ancien général aujourd’hui à la retraite avait engagé une “guerre contre l’indiscipline”.

Ainsi, des soldats forçaient les gens à faire la queue pour attendre le bus, ou à ne pas augmenter les prix dans les marchés, et les fonctionnaires devaient faire des pompes s’ils arrivaient en retard au travail.

Trente ans plus tard, ont repoussé au Nigeria les racines de nombreuses tares entre autres la corruption, l’indiscipline. Élu en 2015, Buhari veut satisfaire à ses engagements de combattre la corruption et de faire “changer les mentalités”.

“Nous devons résister à la tentation de tomber dans les mêmes petitesses, la même intolérance et la même immaturité qui empoisonnent notre pays depuis si longtemps”, a-t-il plaidé… Chacun de nous doit changer la manière dont on faisait les choses avant. Nous ne pouvons pas croiser les bras et accepter que les choses se fassent à l’ancienne.”