Niger : un groupe armé menace d'attaquer le pays

Il se pose en défenseur de l‘éthnie toubou au Niger. Le Mouvement pour la justice et la réhabilitation du Niger (MJRN), groupe dirigé par un membre de cette ethnie a menacé de “s’attaquer au Niger” pour défendre les intérêts de sa communauté.

La menace est bien évidemment à l’endroit des autorités nigériennes. Dans un communiqué signé par Adam Tcheke Koudigan, “président par intérim” du MJRN, le gouvernement nigérien est averti des risques qu’il encourt s’il ne prend pas en compte les revendications de ce groupe rebelle.

“Le gouvernement du Niger est resté complètement indifférent à nos revendications plus que légitimes. (…) Malgré nos cris de détresse face aux dégâts écologiques des sites pétroliers (…) la dégradation de nos territoires de pâturages et de nos conditions de vie (…) les autorités de la République du Niger sont muettes à nos revendications”, fait savoir le texte.

Le Mouvement pour la Justice et la Réhabilitation du Niger qui accuse par ailleurs la China National Petroleum Corporation (CNPC) de faire “des millions de dollars de bénéfice sur les sites pétroliers” tout en faisant “payer le prix fort (…) sur le plan environnemental” aux “riverains”, entend prendre le monde a témoin de son recours imminent à la “lutte armée pour obtenir [ses] droits fondamentaux”. Il s’agit entre autres du droit à l‘éducation, à la santé et à la nutrition.

“Nous sommes sur le terrain, engagés (…) si l’heure arrive nous allons attaquer le Niger”, menace Adam Tcheke Koudigan.

Pour convaincre des moyens de sa politique, le groupe a publié une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle l’on peut apercevoir une lance-roquette et une file de véhicules tout terrain.

Bien que, pour une source proche du régime, cela ne suffit pas à faire trembler Niamey. “Cette vidéo, c’est juste un coup médiatique, il (Adam Tcheke Koudigan) est insignifiant, il n’a personne derrière lui”, a commenté cette source. A l’inverse, un analyste nigérien estime que la menace est à prendre au sérieux en raison de la circulation croissante des armes au Niger.

Si le MJRN était jusque-là inconnu du grand public, l’homme qui l’a porté sur les fronts baptismaux a lui, un passif de rebelle relativement bien connu au Niger. Il s’agit de Barka Wardougou, décédé fin juillet d’un cancer à l’estomac à Dubaï. En 1990, il avait pris les devants des Forces armées révolutionnaires du Sahara (FARS, ex-rébellion toubou), toujours pour la défense des intérêts du peuple toubou.

Aujourd’hui, Adam Tcheke Koudigan se réclame son successeur et entend poursuivre la lutte pour le développement des provinces du Kawar et du Manga, incluant une partie de la région d’Agadez (nord) et de Diffa (sud-est), près du Tchad, où vivent les Toubou.