RDC : le dynamisme de la photographie de rue

Les photographes ambulants ont le vent en poupe non seulement à Kinshasa, mais aussi dans le reste du pays. Ce au détriment des traditionnels “studios photos” délaissés par les clients pour des raisons liées au coût et aux procédures.

De nombreux photographes ambulants de Kinshasa se rendent tous les jours à la célèbre place de la gare centrale. Ce lieu public de la capitale de la République démocratique du Congo est aussi fréquenté par Lakadi Météo, en quête de clients. Depuis près de 30 ans, grâce à son appareil photo et une imprimante, il se sert de la photographie pour nourrir sa famille.

Lakadi Météo, photographe ambulant : “ j’avais un frère avec qui on évoluait ensemble, mais lui était photographe avant moi. Et c’est lui qui m’a fait prendre goût. Et vu la conjoncture économique, je me suis lancé dans le métier. “

Rapidité et simplification des procédures, mais aussi coût réduit. Telles sont les marques de fabrique de la “photo minute”. Nom donné à forme commerciale de la photographie numérique, qui semble séduire de nombreux Kinois.

Jean-Marc Kalonji, un habitant de Kinshasa: “ dans les grands laboratoires, il faut attendre des jours. Alors qu’avec eux, c’est instantané. Par ailleurs, c’est un peu plus cher dans les laboratoires. Avec mon photographe ici sur place, on a discuté du prix et instantanément, j’ai eu ma photo. “

Devant la montée en flèche de cette activité, les photographes dits “professionnels”, sont inquiets. Les clients semblent avoir déserté les fameux “studios photos”. Ainsi, des statistiques indiquent une baisse de la fréquentation des laboratoires de plus de 70 %. Une tendance qui a entrainé la fermeture de plusieurs établissements de photographie.

Papy Prince Ewonza, développeur de photo : “auparavant, il n’y avait pas beaucoup de photographes et de photos instantanées. Avec ces photos instantanées qu’on appelle maintenant photo minute que l’on trouve partout sur les places publiques, les gens ne fréquentent plus les studios. Et il y a même des photographes qui font des photos sans venir ici au laboratoire. C’est ainsi qu’on manque de clients. “

Blanchard Muzela, photographe professionnel : “ils ont vraiment bafoué l’affaire, le monde de la photo. D’abord être un photographe c’est ne pas avoir un appareil photo professionnel ; non. Tu dois avoir l‘éthique et la déontologie d’un photographe professionnel. Moi, je suis un artiste, j’expose mes photos. Avant de les exposer, je fais des photos, je vais au labo, j’imprime ensuite et je les expose quelque part. “

On estime à plus de 3000 le nombre de photographes ambulants dans la seule ville de Kinshasa. Véritable phénomène social dans l’ensemble du pays, la photographie de rue du fait de sa popularité, est sur le point de provoquer une réorganisation de la profession en RDC.