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Mali : une semaine après les violentes manifestations à Kidal

Mali

L‘équipe d’enquête interne de la MINUSMA mise en place afin d‘établir les faits concernant une manifestation violente qui a eu lieu le 18 avril dernier à l’aérodrome de Kidal, au Mali, a remis le 26 avril son rapport préliminaire au représentant spécial du secrétaire général et chef de la MINUSMA.

L‘équipe d’enquête interne commandée par une mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) après les violentes manifestations du 18 avril dernier qui ont fait deux morts et quatre blessés, a rendu son premier rapport au représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de la MINUSMA.

Le rapport affirme que ‘‘les premières constatations n’ont, à ce stade de la procédure, pas permis de déterminer l’origine des tirs meurtriers avec certitude. Cette enquête se poursuit et sera complétée dans les meilleurs délais par une deuxième phase plus approfondie qui devrait permettre d’établir les causes exactes de l’incident et de dégager des responsabilités éventuelles à la lumière des éléments que les enquêteurs auront pu recueillir’‘.

L’enquête préliminaire indique que “les Casques bleus ont effectué des tirs de sommation alors que, repliés dans un container, des manifestants y mettaient le feu. Des postes d’observation ont également été enflammés par les manifestants. Afin de protéger ses installations et son personnel de la violence de la foule, les forces de maintien de l’ordre de la MINUSMA ont également utilisé du gaz lacrymogène afin de disperser les manifestants, puis se sont retirées quand la situation est devenue incontrôlable’‘.

Partie de la Place de la liberté au centre de Kidal, la manifestation s’est ensuite dirigée vers l’aérodrome de la ville, sécurisé par la MINUSMA. Des installations sécuritaires ont été brûlées et saccagées par les manifestants en colère contre les Forces françaises et celles de l’ONU dans la ville.

La MINUSMA déplore et regrette profondément les pertes en vies humaines et les blessures occasionnées suite à cet événement. Cependant, le recours à la violence, sous quelque forme que ce soit envers nos forces, ainsi que la destruction de nos installations au niveau de l’aérodrome sont inacceptables. Ce sont des actes délictueux qui n’honorent personne et bénéficient avant tout aux ennemis de la paix, à moins que les instigateurs de ces manifestations soient eux-mêmes contre la paix. La MINUSMA est par ailleurs vivement préoccupée par l’instrumentalisation d’enfants lors de telles manifestations violentes et la condamne vigoureusement, a déclaré Mahamet Saleh Annadif.

Nous allons donc procéder à une investigation plus approfondie pour établir les faits exacts, car malheureusement, aucun des éléments recueillis dans le cadre de l’enquête préliminaire n’a pu établir avec certitude la provenance des tirs meurtriers, ni le, ou les auteurs. À cet effet, nous aurons besoin de la pleine coopération de toutes les parties pour compléter l’investigation, a-t-il souligné.

D’autres manifestations ont eu lieu notamment les 19 et 20 avril. Afin d’éviter de nouvelles confrontations, les forces de la MINUSMA et de la CMA basées à l’aérodrome de Kidal se sont retirées.

Situation toujours tendue

La situation reste tendue, une semaine après les manifestations. L’aéroport est toujours occupé par une trentaine de femmes qui ont dressé des tentes dans l’enceinte. Elles viennent très tôt le matin et restent jusqu’au soir. Elles affirment protester contre des arrestations de civils par les forces étrangères présentes sur le terrain.

Azahara Wallet Adass, manifestante :

Nous occupons l’aéroport pour protester contre l’arrestation des frères qui sont arrêtés injustement par les Blancs.

Assy Walet Hitta, présidente de l’Association des femmes de Kidal :

Nous sommes pour la lutte anti-terroriste, mais le problème majeur, c’est l’arrestation des personnes innocentes dans leurs foyers, et même dans leurs villages. Tout le monde sait qu’ils n’ont aucun lien avec Al-Qaida, c’est juste un prétexte mis en avant par les Blancs pour arrêter ces personnes.

Une situation contre laquelle s’insurge le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de la MINUSMA :

Cette piste d’atterrissage de Kidal est un élément essentiel pour l’approvisionnement de l’aide humanitaire, le soutien aux populations locales, ainsi que pour les opérations de la MINUSMA et des forces partenaires. Une fois de plus, plusieurs mois de réhabilitation et de lourds moyens financiers seront nécessaires avant de la rendre opérationnelle, pénalisant lourdement les populations du Nord dans l’acheminement des dividendes de la paix. La MINUSMA ne pourra pas renouveler la réhabilitation de l’aérodrome sans des garanties politiques et sécuritaires. Après avoir été dévastée, la piste est à présent occupée.

La piste et les installations avaient été réhabilitées par la mission onusienne, l’année dernière. Les activités avaient repris début 2016. Aujourd’hui, cette piste n’est plus praticable.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), mouvement signataire de l’accord de paix, a définitivement signé le 20 juin 2015 l’accord de paix pour le nord du Mali, se désolidarisant des mouvements de violences. L’accord vise à instaurer une paix durable dans le nord du pays, à mettre fin au djihadisme et à permettre la réconciliation des différents groupes armés. Le texte a déjà été validé le 15 mai dernier.

Zeidou Ag Mohamed, coordinateur du Comité de gestion de Kidal, membre de la CMA :

La manifestation, je veux dire, c’est un élément isolé, c’est juste un soulèvement de la population face aux agissements répétés des forces en place, en particulier l’opération Barkhane sur les paisibles populations. Je pense que ça n’a rien à voir avec l’accord. Néanmoins tout trouble peut être un frein pour la bonne marche du processus de paix.

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