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Angola : condamnation de 17 opposants

Angola : condamnation de 17 opposants

Angola

Le verdict du procès des 17 opposants jugés pour tentative de coup d’Etat contre le président Jose Eduardo dos Santos est connu. La justice angolaise n’a pas tenu compte des appels émis par les défenseurs des droits de l’Homme.

Les peines infligées et prononcées ce lundi aux 17 opposants varient entre 2 et 8 ans de prison. Ce jugement est qualifié de « scandaleux » par les défenseurs des droits humains. Parmi les condamnés, le rappeur Luaty Beirao (le plus connu de tous les 17). Il écope de 5 ans d’emprisonnement. Les faits de « rébellion contre le président de la République et tentative de coup d’Etat, association de malfaiteurs, falsification de documents » lui ont été reprochés.

Domingos da Cruz, journaliste et professeur d’université, a été présenté au juge en tant que « leader » du groupe. Il est frappé par la peine la plus lourde dans cette affaire : 8 ans et demi de prison. La justice le condamne « pour rébellion et tentative de coup d’Etat, association de malfaiteurs. »

Lors du procès, ce professeur d’université avait été obligé de lire à voix haute et devant le tribunal, l’intégralité de son ouvrage de 183 pages que les accusés étudiaient au moment de leur arrestation. Ce livre a pour titre « Outils pour détruire une dictature et éviter une nouvelle dictature ».

Tous les condamnés ont rejeté les faits qui leur sont imputés par la justice de leur pays. Le procès (un procès fleuve) avait débuté à la mi-novembre et avait connu bon nombre d’interruptions, pour absence de témoins. Les 17 opposants, tous membres du Mouvement révolutionnaire de l’Angola ont été interpellés en juin 2015 et demandent le départ de dos Santos. Mais ils martèlent qu’ils sont tous pour la « lutte pacifique ».

Une atmosphère surchargée

Ce lundi, devant le tribunal, une trentaine de personnes en colère n’ayant pas eu accès à la salle scandaient « Libérez les jeunes, arrêtez le dictateur Jose Eduardo dos Santos. ». Quant au juge Januario Domingos, il a ordonné l’emprisonnement immédiat des 17 opposants. 14 d’entre eux étaient présents au procès.

En effet, parmi les 17, Nuno Dala est hospitalisé. Il est en grève de la faim depius le 10 mars. Deux autres opposants, qui ont essayé d’entrer au tribunal munis de livres de droit, ont été bloqués à l’entrée et enfermés derrière les barreaux avant même la prononciation du verdict. Les avocats des accusés ont décidé de faire appel des sentences.

« Les choses ont été politisées, le juge a seulement obéi aux ordres supérieurs venant du président de la République. » a martelé pour sa part maître Michael Francisco. « Ce verdict était attendu parce qu’en Angola la justice n’est pas transparente. » s’est indigné Pedrowisk Teca, époux de Rosa Conde, condamnée à deux ans et trois mois de prison.

Les ONG ont vivement réagi après les condamnations. Human Rights Watch (HRW), l’organisation de défense des droits humains, parle de verdict « scandaleux et ridicule ». L’organisation pense que la justice angolaise a condamné les 17 personnes « sous prétexte qu’elles se sont rencontrées, ont lu des livres, parlé de démocratie, de manifestations pacifiques et de gouvernance. »

Selon Zenaida Machado, de HRW, « le procureur n’est pas parvenu à prouver (…) que les 17 militants préparaient autre chose qu’une manifestation pacifique. » Elle poursuit, martelant que le procès était « motivé pour des raisons politiques » et que la procédure judiciaire a été « entachée d’irrégularités. »

Quant à Amnesty International, elle qualifiait (en décembre dernier) le procès de « parodie de justice. » Le déroulement du procès s’est fait dans une atmosphère tendue : observateurs internationaux interdits d’accès, journalistes autorisés par intermittence et public limité à deux proches par accusé.

La grève de la faim observée par Luaty Beirao avait permis un ralentissement de la procédure judiciaire. L’opposant refusait de s’alimenter, et ce, pendant 36 jours (le nombre d’années que José Eduardo dos Santos cumule à la tête de l’Angola) pour protester contre son incarcération. Beirao avait finalement été assigné à résidence mi-décembre, tout comme 14 de ses co-détenus. Quant aux autres, ils étaient libres.

On se souvient qu’il y a maintenant deux semaines, le président angolais faisait la promesse de se retirer de la vie politique en 2018.

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