Depuis trois décennies, plusieurs réserves naturelles ont opté pour une mesure aussi radicale qu'efficace : l’écornage de rhinocéros.
Afrique du Sud : écorner les rhinocéros pour lutter contre le braconnage
Le but : sauver ces espèces menacées par le braconnage. En Afrique du Sud, une récente étude révèle que le retrait des cornes de plus de 2 000 rhinocéros a permis de réduire le braconnage de 78 %. Un résultat impressionnant, même si le danger demeure : environ 400 rhinocéros continuent d’être tués chaque année dans le pays.
"Cette étude repose sur sept années de données, qui ont servi de base à nos conclusions", Nous avons analysé l’impact de l’écornage dans huit réserves différentes, chacune appliquant cette mesure à des moments distincts. Cela nous a offert plusieurs expériences naturelles permettant d’évaluer son efficacité. Et ce qui est remarquable, c’est que, peu importe le contexte ou le moment de l’intervention, l’écornage a systématiquement permis de réduire le braconnage" explique le Dr Tim Kuiper, auteur principal du rapport et spécialiste de la biodiversité à l'université Nelson Mandela d'Afrique du Sud.
Pourtant, les cornes ne sont pas seulement des cibles pour les braconniers : elles jouent aussi un rôle important dans le comportement naturel des rhinocéros. Elles servent à se défendre, à établir un territoire, et parfois même à rechercher de la nourriture surtout chez les rhinocéros noirs.
"Enlever leurs cornes, quels en sont réellement les effets ? Y a-t-il des conséquences sociales, un impact sur leur manière de se nourrir ? Nous n’en sommes pas encore certains," explique Vanessa Duthe, chercheuse spécialisée dans l’étude des rhinocéros. "Mais ce que nous avons pu observer, c’est qu’au moins chez les rhinocéros noirs, l’écornage modifie leur comportement spatial. Ils ont tendance à restreindre leurs déplacements et à se replier sur des zones plus limitées."
Aucun impact négatif sur la reproduction
Heureusement, les études ne montrent aucun impact négatif sur les taux de reproduction ou de mortalité. Mais pour beaucoup de défenseurs de l’environnement, l’écornage reste un mal nécessaire une solution temporaire face à une menace constante.
D’autres efforts restent pourtant cruciaux : renforcer les lois contre le braconnage, mieux équiper les gardes forestiers, et soutenir les programmes locaux de conservation. Les cornes repoussent naturellement. L’écornage doit donc être répété tous les 12 à 18 mois.
L’Afrique du Sud abrite la plus grande population de rhinocéros blancs et noirs au monde. La Namibie, le Zimbabwe et le Kenya disposent également de populations significatives. Aujourd’hui, environ 17 500 rhinocéros blancs et 6 500 rhinocéros noirs subsistent dans le monde. Ces derniers ont vu leur nombre chuter dramatiquement, passant de 70 000 en 1970 à moins de 2 500 au moment où le braconnage a atteint son apogée dans les années 1990, selon l’organisation Save the Rhino.